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The duchess,
     2008, 
 
de : Saul  Dibb, 
 
  avec : Keira Knightley, Ralph Fiennes, Charlotte Rampling, Dominic Cooper, Hayley Atwell, Simon McBurney, John Shrapnel,
 
Musique : Rachel Portman

 
   
1774. Le Duc de Devonshire (Ralph Fiennes) épouse la jeune et jolie Georgiana Spencer (Keira Knightley). A priori, malgré la différence d'âge, la jeune fille n'est pas opposée à cette union qui lui procure une position sociale très en vue. Mais la désillusion ne tarde guère. Le Duc ne lui adresse quasiment pas la parole, lui impose d'élever une fillette qu'il a eue d'une servante, et continue allègrement les liaisons avec tout ce qui porte jupon. Ne trouvant pas de réconfort auprès de sa mère (Charlotte Rampling), Giorgina se lie d'amitié avec Bess Foster (Hayley Atwell)... 
 
   Le risque, avec les reconstitutions historiques, est que la rigidité des coutumes que l'on prête aux personnages aristocratiques de cette époque (qui plus est dans l'Angleterre puritaine), contamine le film au point d'en figer les élans passionnels ou le rythme. Dans le registre de la pétrification, le Duc se révèle d'ailleurs un modèle du genre. Plus hermétique qu'une huître, aussi expansif qu'un morceau de silex, il semble traverser l'existence, à l'exception de rarissimes instants où la carapace laisse apercevoir une infime fêlure, comme un zombie dont le seul élément vivant serait le sexe. Autant dire que Ralph Fiennes, plus sombre et intériorisé que jamais, incarne à la perfection cette ombre hautaine, glacée et glaçante, parfait représentant d'une aristocratie momifiée dans les conventions. Mais, heureusement pour le spectateur, il y a la fraiche et délicieuse Georgiana, aïeule indirecte de la Princesse Diana, que la sublime Keira Knightley, merveilleusement mise en valeur par les costumes et la photographie, propulse au rand d'étoile incandescente... 
 
   Fondé sur une biographie qui s'inspire directement de la correspondance d'époque de Giorgiana, le scénario nous présente donc cette jeune fille fragile et timide, mais avide de reconnaissance, se métamorphosant rapidement en une femme volontaire, inspiratrice de mouvements libertaires, qui ne se soucie guère des convenances de l'époque et ne se satisfait aucunement de la place formatée imposée alors aux femmes nobles. Mas il était encore bien tôt pour que l'émancipation soit totale, et le carcan de la bienséance aristocratique se remettra en place inéluctablement. Au final, c'est une intense mélancolie qui se dégage de cette histoire poignante, l'infinie tristesse qui accompagne les destins brisés.
   
Bernard Sellier