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L'empreinte de l'ange,
        2008, 
 
de : Safy  Nebbou, 
 
  avec : Catherine Frot, Sandrine Bonnaire, Vladimir Yordanoff, Michel Aumont, Sophie Quinton, Héloïse Cunin,
 
Musique : Hugues Tabar-Nouval


   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

   
Elsa Valentin (Catherine Frot) aperçoit un jour lors d'un anniversaire de son fils Thomas (Arthur Vaughan-Whitehead), une fillette, Lola (Héloïse Cunin), qui la trouble profondément. Elle est persuadée qu'il s'agit de sa fille disparue. Elsa fait la connaissance de sa mère, Claire Vigneaux (Sandrine Bonnaire)... 
 
   La vision toute récente du remake "Angel of mine" effectué par Kim Farrant en 2019 m'a donné l'envie de voir l'original sorti il y a une douzaine d'années. Et la première surprise est de taille ! Lorsqu'une nouvelle version d'un film existant, étrangère qui plus est, apparaît sur les écrans, elle apporte souvent des enrichissements, des améliorations techniques, des modifications visuelles ou narratives. En l'occurrence, durant les cinq sixièmes de l'histoire, l'oeuvre de Kim Farrant est quasiment une photocopie de celle-ci. Seuls les visages changent. A tel point qu'on se demande ce que sont venus faire les deux scénaristes Luke Davies et David Regal, sinon traduire en anglais le texte de Safy Nebbou et Cyril Gomez-Mathieu. Et aussi pourquoi ces deux derniers ne sont pas mentionnés au générique australien. Mais passons sur ces détails secondaires pour le spectateur. 
 
   Les différences entre ces deux versions se situent en fait à deux niveaux. Celui de l'interprétation et celui du dénouement du drame. Notre admiration pour Catherine Frot et Sandrine Bonnaire est inconditionnelle. Pourtant, notre préférence se porte légèrement vers Rebecca Bower et surtout Noomi Rapace. Non pas pour une question de jeu d'acteur, mais pour l'écriture de leurs personnalités et la gestion des événements dramatiques qui les atteignent. Durant une longue première partie, Catherine Frot affiche une personnalité certes mélancolique mais relativement neutre, contrairement à Noomi Rapace qui, tout en conservant une atitude quasi normale, laisse deviner par ses expressions faciales une intériorité à fleur de peau, sur le fil du rasoir, toujours au bord de l'explosion. Cette turbulence pathologique larvée, aidée par la scène du lac qui ne figure pas dans le film de Safy Nebbou, génère une progressivité dans l'obsession et dans l'angoisse émise qui semble mieux gérée et moins artificielle que dans le cas présent. Mais ce qui fait surtout la différence, c'est la manière dont est amenée la conclusion révélatrice. Il est bien sûr difficile d'en parler sans la déflorer. Disons simplement que celle qui a été choisie par Kim Farrant nous semble plus judicieuse et vraisemblable que celle qui est présente ici. 
 
   Au final, le remake australien n'était bien sûr pas indispensable. Mais il n'en demeure pas moins que la vision de l'original met en lumière ses qualités narratives et dramatiques. Ce qui n'est pas à négliger pour un second long métrage.
   
Bernard Sellier