En territoire ennemi, film de John Moore, commentaire

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En territoire ennemi,
      (Behind enemy lines),      2001,  
 
de : John  Moore, 
 
  avec : Gene Hackman, Owen Wilson, David Keith, Gabriel Macht, Vladimir Mashkov,
 
Musique : Ryan Adams, Don Davis

  
 
Chris Burnett (Owen Wilson) est lieutenant aviateur sur le USS Carl Vinson, en Méditerranée. La guerre de Bosnie semble toucher à sa fin. Le jeune homme s'ennuie et informe l'amiral Leslie McMahon Reigart (Gene Hackman), qu'il souhaite quitter l'armée dès son retour aux Etats-Unis. Peu après, il est chargé, avec son coéquipier Stackhouse (Gabriel Macht), d'effectuer une mission de reconnaissance. Ayant détecté des mouvements suspects dans une zone théoriquement démilitarisée, ils dévient de leur route et sont abattus par un missile. Ils parviennent à s'éjecter, mais Stackhouse, blessé, ne peut bouger. Chris s'éloigne pour émettre du haut d'une colline et assiste à l'exécution de son camarade par des militaires indéterminés sous les ordres du sinistre Lokar (Olek Krupa). Poursuivi, il échappe de peu à plusieurs tentatives d'élimination. Alors que l'amiral Reigart s'apprête à envoyer une mission de sauvetage, l'ordre lui est donné par l'amiral Piquet (Joaquim de Almeida) d'annuler la mission, dans la crainte que le processus de paix ne soit mis à mal'intervention... 
 
 Un scénario rudimentaire (un soldat, tombé dans un secteur infesté de guerriers barbares, cherche à leur échapper), des personnages psychologiquement réduits à l'état de squelettes, une idéologie pour le moins simpliste (rien de tel que l'immersion dans le danger pour transformer un jeunot excité en un soldat motivé et efficace), une réalisation clinquante, racoleuse, qui passe du montage épileptique aux ralentis artificiels, des plans hyperdécoupés, une musique tonitruante, histoire de faire branché... Le moins que l'on puisse dire c'est que John Moore ne fait pas dans la finesse ! Nous ne sommes pas tout à fait dans le délire de "Rambo 2", mais, entre manipulation, spectaculaire de commande et infantilisme chronique, le spectateur se voit précipité dans un maelström guerrier qui semble avoir pour seule justification l'efficacité à tout prix. Le dilemme, a priori passionnant, qui assaille l'amiral Reigart est survolé à la vitesse Mach 3, et même Gene Hackman, pourtant capable de faire scintiller un rôle de quelques secondes, semble ici presque aussi transparent que ses compagnons. Owen Wilson, sans être franchement mauvais, est un choix passablement douteux, et ne suscite pas un enthousiasme forcené . Le contexte historique est totalement absent, et l'on ne comprend strictement rien aux motivations des troupes de Lokar. Mais c'est, de toute façon, sans grande importance, puisque le but du film est de nous servir une trame aussi émouvante que spectaculaire. Sur ce dernier plan, du moins, reconnaissons que l'objectif est atteint.
   
Bernard Sellier