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Et Dieu créa... la femme,
       1956,  
 
de : Roger  Vadim, 
 
  avec : Brigitte Bardot, Jean-Louis Trintignant, Curd Jürgens, Christian Marquand, Jean Lefebvre,
 
Musique : Paul Misraki


   
Juliette Hardy (Brigitte Bardot) est une orpheline qui a été placée dans une famille d'adoption résidant à Saint-Tropez. Elle travaille vaguement à la librairie du village, mais se plaît surtout à bronzer nue et à se faire conter fleurette par les hommes du lieu. Un riche entrepreneur, Eric Carradine (Curd Jürgens), voudrait bien la mettre dans son lit, mais n'y parvient pas. Elle est amoureuse d'Antoine Tardieu (Christian Marquand), qui dirige avec son frère Michel (Jean-Louis Trintignant) une petite entreprise familiale de réparation navale. Menacée par ses tuteurs d'un renvoi à l'institution religieuse, elle accepte d'épouser Michel... 
 
   Le jeune spectateur de 2011 qui visionne ce film plus d'un demi-siècle après son tournage doit avoir une difficulté certaine à imaginer que la censure de l'époque frappait d'interdiction aux moins de 16 ans ce genre de bluette ! Aujourd'hui, elle pourrait même être recommandée aux moins de 12 ans pour son absolue pudeur et son absence de violence graphique. Car même la scène dans laquelle Michel lutte (si l'on peut dire !) avec son frère, se révèle risible tant le réalisme pointe aux abonnés absents. C'est d'ailleurs tout l'ensemble de cette œuvre, pourtant mythique, qui apparaît terriblement falot et daté. On peut s'amuser à voir la jeune ingénue Brigitte s'afficher déjà protectrice des animaux (son lapin "Socrate"...), se trémousser vaguement sur des musiques exotiques, mais cet hymne à la liberté féminine ne se hisse même pas au niveau d'un téléfilm actuel moyen, tant la manière de filmer, distante et académique, transforme cette mini tragédie conjugale et familiale en historiette anecdotique et insignifiante. Les personnages n'ont aucune profondeur, les quelques rares noeuds dramatiques se dégonflent comme des baudruches percées, quant au thème central, il est devenu obsolète. Peut-être le prétendu "charme" de B.B. (auquel, soit dit en passant, je n'ai jamais été sensible), sera-t-il susceptible d'accroître l'enthousiasme de certains sexagénaires nostalgiques... En fin de compte, l'intérêt naît surtout de la vision d'un Saint-Tropez encore préservé de la déferlante des milliardaires, d'un Jean-Louis Trintignant à ses débuts, et d'une mode cinématographique totalement désuète... C'est bien peu !
   
Bernard Sellier