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L'étoffe des héros,
      (he right stuff ),      1983,  
 
de : Philip  Kaufman, 
 
  avec : Sam Shepard, Scott Glenn, Ed Harris, Dennis Quaid, Fred Ward, Barbara Hershey, Veronica Cartwright, Donald Moffat, Lance Henriksen,
 
Musique : Bill Conti, Claude Debussy, Gustav Holst


   
Octobre 1947. Le pilote de chasse Chuck Yeager (Sam Shepard) dépasse en avion la vitesse de 1200 kilomètres heure, "le mur du son" réputé infranchissable et mortel. Six ans plus tard, sur la base délabrée d'Edwards, au fin fond de l'Amérique profonde, arrivent quelques pilotes qui prendront bientôt place parmi les sept retenus pour être les premiers astronautes. Il y a là Virgil "Gus" Grissom (Fred Ward), John Glenn (Ed Harris), Gordon Cooper (Dennis Quaid), Scott Carpenter (Charles Frank), Walter Schirra (Lance Henriksen), Alan Shepard (Scott Glenn). Mais le premier à être envoyé dans l'espace sera... un chimpanzé... 
 
   Vaste fresque sur les débuts, difficiles à tous points de vue, de la conquête spatiale, vue du côté américain. Seize ans de labeur, de courage, de catastrophes qui vont de la fin de l'ère subsonique au dernier vol en solitaire effectué en 1963 par Gordon Cooper. Tout commence avec la personnalité fascinante de Yeager, sorte de héros intimiste qui joue à se dépasser constamment, mais conserve une attitude humble et solitaire. Il est une sorte de référence, de symbole permanent du "toujours plus loin, toujours plus vite", mais en-deça de la médiatisation outrancière qui transforme en super Américains des hommes qui n'ont toujours pas quitté le plancher des vaches !  
 
   Philip Kaufman a privilégié, dans cette saga, l'approche intimiste, familiale, humaine. On assiste aux espoirs de ces hommes que la science a propulsés hors du commun des mortels, à leur apprentissage douloureux, aux tests humiliants qu'ils doivent subir, aux difficultés relationnelles avec leurs familles, aux pressions des journalistes qui harcèlent encore davantage leurs épouses qu'eux-mêmes. Le réalisateur a eu l'intelligence de peindre en hommes ces futur héros. Mais cela se fait tout de même quelque peu au détriment du spectacle, pour ne pas parler de spectaculaire. Certaines longueurs ne sont pas vraiment indispensables, ni psychologiquement, ni dramatiquement, et entretiennent une certaine langueur nuisible à l'élan général qui anime ces pourfendeurs d'espace. Pour résumer quelque peu grossièrement : un peu trop de descriptions horizontales pour une oeuvre qui est tournée entièrement vers le vertical... 
 
   "L'étoffe des héros" n'en demeure pas moins un excellent film, magnifiquement servi par des acteurs hautement charismatiques, parsemé de magnifiques scènes poétiques (les "lucioles" mystérieuses que Glenn aperçoit de sa capsule), auquel il manque toutefois, à mon sens, la grandeur et le souffle épiques qui en auraient fait un chef d'oeuvre inoubliable.
   
Bernard Sellier