Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

L'étoile imaginaire,
      (La Stella que non c'e),     2006, 
 
de : Gianni  Amelio, 
 
  avec : Sergio Castellitto, Ling Tai, Angelo Costabile, Hiu Sun Ha, Roberto Rossi,
 
Musique : Franco Piersanti

 
   
Un haut-fourneau installé dans une usine italienne est vendu aux Chinois. Vincenzo Buonavolontà (Sergio Castellitto), qui était responsable de la maintenance, informe l'un des responsables Chinois, Chong (Hiu Sun Ha), que la machine recèle un défaut qui pourrait se révéler dangereux. Mais, lorsque Vincenzo revient un peu plus tard sur le site, tout a déjà été démonté et embarqué. Il se rend en Chine, bien décidé à retrouver Chong. Mais celui-ci a déjà été licencié. Désemparé, Vincenzo s'adresse à la jeune Liu Hua (Ling Tai), qui avait accompagné le groupe en Italie comme traductrice... 
 
   Un homme taciturne, dont le charisme ne saute pas aux yeux, technicien sans doute sans reproche mais sans envergure, qui, en compagnie du joint métallique spécial qu'il a fabriqué, se met en tête de retrouver son haut-fourneau perdu dans l'immensité de la Chine... Voilà un sujet qui, a priori, semble concourir pour la palme du sujet le plus rébarbatif que l'on puisse concevoir ! Eh bien, en l'occurrence, l'a-priori se fourvoie grandement ! Loin des montages épileptiques qui transforment souvent les narrations en tronçons aussi illisibles qu'épuisants, le réalisateur prend tout son temps pour suivre la quête initiatique de son personnage, pour se poser sur le regard d'un enfant, pour observer avec humanité et respect un monde étranger, aride, souvent désespéré, et pour plonger dans un décor sombrement réaliste, aux antipodes des visions touristiques idylliques habituelles. A mi-chemin entre scénario construit et documentaire, le cheminement de ces deux êtres que tout sépare prend l'apparence d'une marche inconsciente vers l'unité, vers la rencontre, la reconnaissance de l'être intérieur. L'absence totale d'esbroufe, le choix d'immerger le spectateur, privé de sous-titres, dans l'univers non accessible qui environne Vincenzo, le minimalisme du scénario, peuvent rebuter. Mais, pour celui qui accepte de suivre cet Italien persévérant jusqu'à son illusoire victoire finale, une sensation rarement éprouvée peut apparaître : celle d'une joie intime, dans laquelle pointe une lumière solaire qui n'apparaît jamais dans le monde physique que traverse Vincenzo...
   
Bernard Sellier