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L'étrange histoire de Benjamin Button,
    (The curious case of Benjamin Button),      2008, 
 
de : David  Fincher, 
 
  avec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Tilda Swinton, Elias Koteas, Elle Fanning, Julia Ormond, Ed Metzger, Richmond Arquette,
 
Musique : Alexandre Desplat

  
   
Le dernier jour de la première guerre mondiale, naît à La nouvelle Orléans un étrange bébé. Il présente l'apparence physique d'un vieillard, avec arthrose, cataracte... Sa mère meurt en lui donnant le jour. Quant à son père, Thomas Button (Jason Flemyng), il l'abandonne, dès qu'il l'aperçoit, sur les marches d'un hospice pour personnes en fin de vie. L'enfant est recueilli et adopté par une jeune femme noire, Queenie (Taraji P. Henson), qui l'élève parmi ses vieux pensionnaires. L'enfant grandit et semble miraculeusement rajeunir. Sa santé s'améliore. Il fait un jour la connaissance de la jeune Daisy (Elle Fanning), et succombe à son charme. Agé de 17 ans, il part sur un remorqueur en compagnie du capitaine Mike (Jared Harris) qui l'avait engagé quelques années plus tôt comme "enfant" à tout faire... 
 
   Voilà vraiment le genre de pitch "hénaurme" que l'on pourrait juger totalement improbable au premier abord, voire aberrant pour ne pas dire idiot ! Et pourtant, il faut bien reconnaître que son développement fonctionne ! Ou, plus précisément, qu'il donne naissance à un film superbe, esthétiquement et émotionnellement parlant. Les trucages sont d'une telle qualité que le spectateur finirait presque par croire à l'impossible marche de ce petit vieillard à contre-courant de l'écoulement normal du temps. Mais à côté de cette incontestable réussite, loin d'être acquise d'avance sur le plan de la crédibilité, certains points ne se présentent pas sous un jour aussi positif. Tout d'abord une lenteur chronique dans une longue première moitié du récit, peuplée de séquences parfois émouvantes, souvent délicates, mais dont le contenu ne présente pas toujours un intérêt de premier plan. La narration semble éprouver une certaine difficulté à sortir de l'orbite rigide formatée par le concept réducteur du départ. Le dilemme devait d'ailleurs être majuscule : conserver jusqu'au dénouement la "logique" de l'invraisemblable postulat originel au risque de sombrer dans l'aberrant ; ou bien bifurquer en cours de route, abandonner les rivages de l'originalité puissante, et affronter le danger de s'engager dans une romance aussi classique que consensuelle ? Or, plus l'on avance vers le dénouement, plus cette dernière voie se révèle dominante, au point que, malgré la délicatesse, la pudeur et la tendresse qui inondent l'histoire, la chute finale, aussi inéluctable qu'attendue, se révèle presque transparente. Au bout du compte, ce sont la qualité des interprètes, la beauté des images, l'élégance classieuse de la mise en scène, qui touchent le spectateur en profondeur, beaucoup plus que l'originalité douteuse de la narration.
   
Bernard Sellier