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L'expérience interdite,
      (Flatliners),     1990, 
 
de : Joel  Schumacher, 
 
  avec : Kiefer Sutherland, Kevin Bacon, Julia Roberts, Oliver Platt, William Baldwin, Hope Davis,
 
Musique : James Newton Howard

   Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

   
Quatre étudiants en médecine, Rachel Mannus (Julia Roberts), David Labraccio (Kevin Bacon), Joe Hurley (William Baldwin) et Randy Steckle (Oliver Platt) décident, sous l'impulsion de leur collègue Nelson Wright (Kiefer Sutherland), de tenter une exploration de ce qui advient en état de mort clinique. Nelson est le premier à tenter le grand saut dans l'inconnu... 
 
   C'est en 1970, grâce à la sortie du livre de Raymond Moody ( 'La vie après la vie' ), que le grand public découvre réellement les Expériences de Mort Imminente ( 'Near Death Experience' en anglais ). Depuis cette mise en lumière du phénomène ( c'est le cas de le dire puisque quasiment tous les récits mentionnent une source de lumière extraordinaire... ), des milliers d'ouvrages et de témoignages sont venus conforter une croyance qui existe depuis des millénaires ( Livres des morts tibétain, égyptien... ). Joel Schumacher, pas toujours réputé pour sa finesse, s'empare du sujet en 1990 et aligne une distribution de haut vol. Les caractères des cinq expérimentateurs sont définis au scalpel et la progression de la dramaturgie ne manque pas de mordant. 
 
   Mais se pose la question du choix des visions et des traumatismes qui accompagnent les 'voyages' de chacun des protagonistes. Dans les récits réels d'expériences de ce type, on constate que dans l'immense majorité des cas, le vécu est positif. Les gens reviennent à la 'vie' terrestre, souvent à contrecoeur, mais presque toujours emplis d'une béatitude durable. Il est facile de comprendre que, pour un réalisateur qui souhaite enflammer son public, le faire frissonner, il est impossible d'aligner durant deux heures des apparitions idylliques et des ressentis rose bonbon. Donc le spectateur voit ici nos héros confrontés à des cauchemars non seulement psychiques mais aussi physiques, dont l'irruption a pour simple finalité de conjuguer sensationnel et fantastique. Autant dire que tout cela est totalement artificiel et naît uniquement dans l'imagination de scénaristes en mal de spectaculaire facile. 
 
   Pourtant, aussi contraire aux faits soit-elle, cette approche ne manque pas d'intérêt. Car le récit métamorphose les événements vécus en tableau de karma individuel. Chaque action agressive ou négative engendrée jadis se solde par une répercussion compensatrice et une culpabilité destinées à rendre conscient du traumatisme engendré. Cela peut sembler simpliste, et pourtant chacun de nous vit cela tous les jours, mais le plus souvent dans une totale ignorance. Ce qui retarde d'autant plus la compréhension des mécanismes karmiques. 
 
   Sous des dehors de construction superficielle, voire artificielle, le film explore cependant quelques facettes d'un thème fondamental avec autant d'efficacité que d'intérêt.
   
Bernard Sellier