Un richissime financier américain se tue accidentellement en Italie. Son unique héritier se révèle être un brave bougre, Longfellow Deeds (Gary Cooper), qui vit paisiblement dans une bourgade, loin de la vie trépidante de New York. John Cedar (Douglass Dumbrille), directeur du cabinet d'avocats gestionnaire jusqu'alors de la fortune du défunt, se réjouit de voir ce benêt facilement manipulable à la tête de 50 millions de dollars. Quant aux journaux, ils dépêchent leurs meilleurs journalistes pour découvrir la personnalité de celui qui est devenu, sans le vouloir, la nouvelle coqueluche. C'est ainsi que Louise Babe Bennett (Jean Arthur) entre subtilement dans la vie intime de Deeds, qui ignore tout de ses activités...
Certains Maîtres spirituels affirment que la "vérité" de la Création réside dans la simplicité. Si tel est le cas, nul doute que Frank Capra avait saisi cette essence dans sa pureté native. Non que ses personnages principaux soient des marionnettes ne revêtant que le blanc ou le noir. En fait, ils possèdent, devant les événements plus ou moins dramatiques de la vie, une réactivité immédiate, juvénile, qui permet à l'âme de redresser la barre avec vigueur et justesse lorsque le mental s'est laissé aller à une perturbation gravissime. On en voit l'exemple évident lors de l'intervention de l'Ange Clarence dans "La Vie est belle". Dans le cas présent, c'est l'amour qui devient le levier suffisamment puissant pour éviter à Deeds de se laisser engloutir par un désespoir aliénant.
Capra aime les êtres candides, naïfs, ceux dont on dit volontiers qu'ils sont stupides, parce qu'ils sont adeptes d'une bonté spontanée, fondamentale. Et c'est avec un mélange inégalable de tendresse, de vivacité rythmique, de spontanéité, d'humour, de poésie fraiche, qu'il fait danser devant le spectateur ses inoubliables héros. Un grand souffle d'air pur, de plaisir innocent, de sensibilité limpide, balaie cette oeuvre toujours aussi enthousiasmante.