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Fahrenheit 9/11,
         2004, 
 
de : Michael  Moore, 
 
  avec : Michael Moore...,
 
Musique : ???

  
   
Trois années de Présidence Bush junior depuis l'élection controversée de novembre 2000 jusqu'à la déclaration de guerre à Saddam Hussein... 
 
   Etant donné l'apparence peu reluisante, aussi bien intellectuelle que psychologique, donnée à la planète par celui qui se veut son maître à penser, et son maître tout court, un film comme celui-ci ne peut qu'attirer, a priori, sinon l'adhésion, du moins la sympathie ou une bienveillante curiosité.  
 
   A posteriori, c'est une stupéfaction certaine qui prévaut ! Tout d'abord cette Palme d'Or, pour le moins incompréhensible à mon esprit modestement éveillé. Mais, de ce côté-là, le public lambda est habitué aux attributions cannoises, qui oscillent entre surprises et excentricités. En l'occurrence, il ne fallait pas être grand clerc pour se douter que Quentin Tarantino sortirait quelque chose d'original de cette mouture 2004. De toutes façons, si cette récompense n'a pas de connotation politique, je veux bien être changé en Donald Duck immédiatement ! Ensuite une ovation de 20 minutes ! Pour ça ? Là, j'avoue que mon entendement est largement dépassé... 
 
   Que contient donc cette "merveille" cinématographique qui peut, grossièrement, se diviser en deux parties ? Une première, consacrée à l'élection folklorique de Bush et au 11 septembre, dans laquelle on apprend quelques rares éléments intéressants (la lâcheté des sénateurs, par exemple), composée d'images granuleuses, voire hideuses, qu'on dirait échappées d'archives des années 50. L'évocation des attentats a le bon goût (le seul, d'ailleurs du film) de ne pas nous asséner, pour la millième fois, l'image des deux tours, et Michael Moore fait preuve, pendant quelques minutes, d'une poésie graphique aussi désespérée qu'inspirée. Au cours de cette première moitié, l'image publique de Bush, omniprésent, est désintégrée à coups de petites réflexions qui, dans leur isolement et leur juxtaposition voulue à certains événements, tendent à prouver que, à coup sûr, tous les branchements neuronaux du Président n'ont pas été achevés... C'est le but du jeu de massacre auquel s'est adonné le réalisateur. Enfin, une scène est mémorable, à mon sens la plus marquante de l'œuvre : celle de sa présence dans une école au moment des attentats et sa stupéfiante absence de réaction !  
 
   Toute la seconde partie est consacrée à la guerre d'Irak et à la valse hésitation insensée des enquêtes officielles. Si tout cela n'avait pour source une tragédie, on pourrait se croire dans une gigantesque farce, tant l'incompétence dans la gestion des magouilles relève d'un art supérieur. Cela étant, c'est long, souvent primaire, d'un goût parfois douteux, émotionnellement racoleur, et, en fin de compte, on n'apprend pas grand-chose de vraiment palpitant, si ce n'est deux points : on a confirmation de ce qui est déjà une évidence, tout au moins en Europe : Bush est sans conteste l'homme le plus dangereux qui soit, à l'aube du troisième millénaire ! Et se vérifie une fois de plus, sur le plan des nations, la loi du karma : on récolte ce qu'on sème... 
 
   Entendons-nous bien : la thèse et les idées de Michael Moore, sur cette présidence comme sur les armes, d'ailleurs, pour outrancières qu'elles soient présentées, auront peut-être le mérite de réveiller quelques consciences américaines. Lorsque l'on voit cette femme qui sort chaque matin accrocher le drapeau américain à son volet, et enchantée que tous les mâles de sa famille soient dans l'armée pour combattre le mal, on ne peut qu'avoir froid dans le dos et souhaiter qu'une petite lueur de compréhension se fraie un chemin dans sa conscience. C'est le type de personne qui irait brûler la maison de ses voisins Thaïlandais, parce que le gouvernement a décrété que Bangkok est un foyer du démon ! Lorsque l'on connaît les manipulations opportunistes dont peuvent se rendre coupables CIA, FBI ou consorts, on ne peut qu'être atterré par un "patriotisme" aussi primaire ! Mais est-ce le type d'Américain qui sera ébranlé par le film ? Certainement pas. Sur l'autre rive, les opposants de Bush verront simplement leurs critiques étalées sous une forme artistique et "frappante". Quant aux habituelles "girouettes", elles seront éventuellement secouées par les gros sabots de Michael Moore, mais retourneront leur veste dès qu'une autre vision manichéenne opposée se présentera... Alors... 
 
   Que reste-t-il, au final, de cette œuvre ? Une suite de saynètes dont le montage et la juxtaposition se veulent (lourdement) humoristiques, avec incursions de polars des années 50 ou de générique de western, dans lequel Bush et Rumsfeld tiennent le rôle de John Wayne ou de Randolph Scott ; de longues tirades émouvantes sur la douleur de perdre un enfant à la guerre... Bref, un ensemble qui est aussi proche de la finesse et de la subtilité que Moore l'est de la sveltesse... 
 
   Pour ceux qui sont passionnés par les dessous (supposés ou réels...) de la politique mondiale, plongez-vous dans "le Livre jaune N°5" et sa suite "le Livre jaune N°6", parus aux Editions Felix (reprise du livre "Les sociétés secrètes et leur pouvoir au XXème siècle"). C'est impressionnant, atterrant, et, même si tout n'est bien sûr pas à prendre comme vérité absolue, c'est mille fois plus envoûtant que le montage artificiel de ce pseudo documentaire superficiel et tape à l'oeil... Il est possible de consulter les ouvrages ( parfois complets ) aux pages suivantes : 
 
   "Le Livre jaune N°6
 
   "Le Livre jaune N°5"
   
Bernard Sellier