Fargo, Saison 1, série de Adam Bernstein, commentaire

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Fargo,
     Saison 1,       2014
 
de : Adam  Bernstein..., 
 
avec : Billy Bob Thornton, Allison Tolman, Martin Freeman, Colin Hanks, Keith Carradine, Bob Odenkirk,
 
Musique : Jeff Russo

 
   
Lester Nygaard (Martin Freeman) est un médiocre vendeur d'assurances. Sa femme Pearl (Kelly Holden Bashar) lui reproche constamment son manque d'envergure. Comble de malchance, il continue à être le souffre douleur d'un ancien camarade d'école, Sam Hess (Kevin O'Grady), devenu transporteur. Humilié une nouvelle fois, et le nez cassé, il se rend aux urgences où il fait la connaissance d'un homme étange, Lorne Malvo (Billy Bob Thornton), qui lui propose très sérieusement d'éliminer le tortionnaire. Lester n'ayant pas dit non clairement, il apprend le lendemain que Sam a été retrouvé poignardé dans un bordel... 
 
   Le film éponyme des frères Coen, "Fargo" était une réussite sombrement jouissive et glaçante. Dès le premier épisode, il apparaît évident que la série n'aura rien à envier à sa consoeur des salles, si ce n'est, peut-être, l'incarnation de Molly Solverson, la fliquesse, dans laquelle Allison Tolman, bien qu'attachante, aura de la difficulté à faire oublier la grandiose Frances McDormand. Pour le reste, le spectateur ne peut que se régaler goulûment devant cette brochette de marionnettes qui s'engluent avec frénésie dans un tourbillon de poisse inextricable. 
 
   Ce n'est pas que les événements et rebondissements affichent une originalité foncière. Ils se révèlent même, pour la plupart, très classiques. En revanche, la peinture des personnalités explose d'un magnétisme totalement addictif, et le style général de la série, comme méticuleusement sculpté dans la neige glacée qui sature les paysages et les habitants, donne naissance à des scènes d'anthologie. Le tueur incarné par Billy Bob Thornton est à ce titre une icône du genre. Mais il est loin d'être le seul à régaler le spectateur. Comme engourdis par l'ambiance spitzbergienne qui règne, la plupart des protagonistes semblent avoir de la chantilly glacée à la place du cerveau, et leurs actions prennent l'apparence de délires cartoonesques filmés au ralenti, ce qui est d'autant plus saisissant qu'ils représentent une réalité authentique survenue dans le Minnesota en 2006. Du désopilant shériff Bill Oswalt (Bob Odenkirk), amoindri du bulbe, au refoulé Lester Nygaard (Martin Freeman, grandiose) métamorphosé en Machiavel, en passant par les deux tueurs communiquant en langage des signes, ou encore le timide Gus Grimly (Colin Hanks), nous avons l'impression de voir défiler une palette de cas pathologiques plus ou moins délirants, mais toujours insérés avec soin et justesse dans un contexte lui aussi décalé tout en étant réaliste. Toute cette saison repose sur un exercice d'équilibriste à la fois artistiquement abouti et narrativement envoûtant, même si une très légère baisse de régime intervient dans le dernier épisode. 
 
   Une réussite de première grandeur.
   
Bernard Sellier