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Fête de famille,
      2019,  
 
de : Cédric  Kahn, 
 
  avec : Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Cédric Kahn, Vincent Macaigne, Laetitia Colombani, Alain Arthur,
 
Musique : Frédéric Chopin, Françoise Hardy...

 
   
C'est l'anniversaire d'Andréa (Catherine Deneuve). Il y a là son conjoint, Jean (Alain Arthur), ses fils, Vincent (Cédric Kahn) accompagné de sa femme Marie (Laetitia Colombani), et Romain (Vincent Macaigne). Au dernier moment survient Claire (Emmanuelle Bercot), la fille aînée, qui arrive très perturbée des Etats-Unis... 
 
   Et côté perturbation, ça décoiffe ! Il est difficile de savoir si Cédric Kahn règle ses comptes avec sa propre famille ou s'il éprouve le besoin de faire exploser l'image du foyer en général. Toujours est-il que son travail de décapage ne fait pas dans la subtilité. La majeure partie de ce "règlement de compte en famille" tourne autour du trio d'enfants qui mènent une danse de mort autour d'une matriarche étrangement consensuelle et placide. Et les personnalités, surtout celles de Claire et de Romain, ne sont pas brodées dans une fine dentelle. La première se montre hystérique dès les premiers mots qui sortent de sa bouche. Quant au second, complètement obsédé par le tournage de son prétendu documentaire qui n'en est pas un, il amuse un temps mais finit par agacer autant sa famille que le spectateur. 
 
   Parce que toute cette folie ambiante respire constamment la fabrication et l'artificialité. Les changements de tonalité des scènes interviennent sans aucune vraisemblance. Un seul exemple : Emma (Luana Bajrami), fille de Claire, pète les plombs face à sa mère, pour, la minute d'après, retrouver un comportement tout à fait normal dans le plan suivant. Et tout est à l'avenant. On passe des hurlements à la sérénité dans une suite de pics aléatoires qui semblent n'obéir qu'à un scénario préfabriqué. De la superbe fantaisie-impromptu op.66 de Chopin, rabâchée jusqu'à plus soif, jusqu'à la chanson de Mouloudji 'L'amour' qui dans le contexte frôle le ridicule, l'exaspération guette à chaque instant. Il est assez insolite d'avoir vu ce film juste après le "Photo de famille" de Cécilia Rouaud, car, sur un sujet cousin germain (les réunions familiales), on ne peut rêver approches plus divergentes...
   
Bernard Sellier