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The final cut,
       2004,  
 
de : Omar  Naïm, 
 
  avec : Robin Williams, Mira Sorvino, James Caviezel, Mimi Kuzyk, Vincent Gale, Brendan Fletcher,
 
Musique : Brian Tyler

   
   
Alan W. Hakman (Robin Williams) est un monteur video très particulier. Il exploite, après la mort d'une personne, l'énorme fichier audio-video qu'a enregistré, tout au long de la vie, l'implant organique indétectable "Zoe" qui était inséré en lui. De la sorte, la famille du défunt peut visionner, sous forme de film, les moments "choisis", beaux et inspirants, de la vie passée de celui qui était peut-être la pire ordure ! Alan, considéré comme le meilleur dans sa profession, est contacté par la femme de Charles Bannister, Jennifer (Stephanie Romanov), pour établir la video projetée aux funérailles. Mais un ancien monteur, Fletcher (James Caviezel), offre à Alan une énorme somme pour récupérer le fichier de Bannister. Alan refuse... 
 
   Voilà sans conteste une idée scénaristique originale, fascinante, qui frôle le génie, tant les ouvertures morales, psychologiques, ou même purement événementielles qu'elle peut générer sont d'une richesse fantastique. Et l'histoire commence avec des atouts de grande qualité : une conception mi-futuriste, mi-passéiste, qui ne sacrifie aucunement au spectaculaire ou au clinquant superficiel ; une atmosphère crépusculaire, étouffante, morbide, qui est en osmose parfaite avec le travail d'outre tombe d'Alan ; et un Robin Williams qui a troqué le léger et l'esbroufe pour se couler dans une incarnation marmoréenne des plus inquiétantes. Le développement dramatique semble conduit avec maîtrise, bien qu'un certain flou enveloppe la direction principale du drame. Les thèmes de réflexion abondent : droit de regard sur la vie d'autrui, manipulation des souvenirs, imbrication du vécu et de l'imaginaire... Mais ils ne sont jamais écrasants vis à vis de la conduite du récit. Donc, tout semble se présenter sous les meilleurs auspices et le spectateur peut légitimement s'attendre à une concentration des sentiers narratifs pour que surgisse l'apocalypse (au sens propre du terme, à savoir "révélation") finale.  
 
   Hélas, cent fois hélas ! Non seulement celle-ci n'a pas lieu, mais encore le dernier tiers du film se disperse en affaiblissant les diverses branches explorées, et surtout, le dénouement, abrupt, réducteur, loin d'unifier les directions initiées par le scénario, casse malencontreusement l'atmosphère oppressante en faisant retomber d'un coup le soufflé de mystère et d'angoisse qui commençait à prendre efficacement. Il y a de quoi rager, car, pendant la première heure, on avait l'illusion qu'une grande oeuvre, angoissante, intelligente, dantesque, allait se développer sous nos yeux... Au final, nous devons malheureusement nous contenter d'une moitié de film passionnante et d'une seconde qui part dans de multiples directions et se perd en chemin...
   
Bernard Sellier