French Connection, film de William Friedkin, commentaire

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French connection,
      1971, 
 
de : William  Friedkin, 
 
  avec : Gene Hackman, Roy Scheider, Fernando Rey, Tony Lo Bianco, Marcel Bozzuffi, Frédéric de Pasquale, Bill Hickman,
 
Musique : Don Ellis

  
   
Jimmy 'Popeye' Doyle (Gene Hackman) et son collègue Buddy 'Cloudy' Russo (Roy Scheider) sont deux flics de la brigade des stupéfiants de New York. Ayant suivi pendant quelques jours un petit truand, Salvatore 'Sal' Boca (Tony Lo Bianco), ils sont persuadés qu'il est sur le point de réceptionner une importante quantité de drogue en provenance de France. Alain Charnier (Fernando Rey), un richissime homme d'affaires méditerranéen, flanqué de son homme de main Pierre Nicoli (Marcel Bozzuffi), arrive en effet par bateau, et prend contact avec Sal. Une filature difficile commence pour les deux policiers afin d'obtenir un flagrant délit... 
 
   Célèbre, un peu comme "Bullitt", sorti trois ans plus tôt, pour une célèbre et haletante course poursuite entre la voiture de l'obstiné Popeye et une rame de métro, ce film est surtout remarquable pour son approche quasiment documentaire d'une enquête aussi difficile que désordonnée et dramatiquement vaine. La psychologie des personnages est réduite à sa plus simple expression. Seule compte l'efficacité, la vraisemblance, la routine souvent peu spectaculaire (longues heures d'attente à battre la semelle dans le froid, écoutes téléphoniques, filatures...), la vie sans relief de flics dont la seule aspiration vitale est de se montrer plus efficaces que les criminels qu'ils traquent. Cela dit, ils sont fort loin de la brillance James Bondesque, leur quotidien est pourri, leurs moyens dérisoires, et ils s'apparentent bien plus à des dogues massifs, sauvages, acharnés sur leurs proies, qu'à de fringants détectives contemporains environnés de gadgets électroniques. Ici, nous sommes encore dans la préhistoire : pas de téléphones portables, Internet n'existe pas, les repérages satellites non plus ! Seuls comptent les heures de guet, les intuitions plus ou moins fiables, les tuyaux des indics. Et, malgré cette basicité des moyens, malgré le dépouillement scénaristique, ou plutôt, grâce à leur utilisation efficiente, le film est captivant de la première à la dernière image. Dégraissé de tous les ajouts superficiels que l'on rencontre souvent, de digressions parasites, il se concentre à cent pour cent sur l'enquête et ne retient de chaque protagoniste que le strict minimum en rapport avec les événements présents. C'est sec, efficace, parfois haletant, et surtout tragiquement dérisoire, comme le prouvent les informations qui clôturent, pour un temps, la traque mortelle de Popeye. On a envie d'écrire, avec tristesse : "tout ça pour ça" ! L'étonnant face à face Charnier-Doyle, n'est pas pour rien dans la stature de ce film. Le gentleman français, distingué, froid, revêt une dignité qui contraste étrangement avec la rusticité barbare et quelque peu vulgaire d'un Gene Hackman à la présence toujours aussi imposante.
   
Bernard Sellier