Get out, film de Jordan Peele, commentaire

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Get out,
     2017, 
 
de : Jordan  Peele, 
 
  avec : Daniel Kaluuya, Allison Williams, Bradley Whitford, Catherine Keener, Marcus Henderson, Betty Gabriel,
 
Musique : Michael Abels


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

 Chris Washington (Daniel Kaluuya) est amoureux de Rose Armitage (Allison Williams) depuis quatre mois. Pour la première fois, la jeune fille va présenter son ami à ses parents, Dean (Bradley Whitford) et Missy (Catherine Keener). Chris éprouve une certaine appréhension car il est noir. Mais Rose l'assure que tout se passera bien... 
 
 L'histoire commence à la manière du célèbre "Devine qui vient dîner", sorti en 1967. Une romance entre deux tourtereaux de couleur de peau différente, une visite chez les futurs beaux-parents, lui chirurgien neurologiste, elle psychanalyste. Que redouter sinon une réception glaciale, voire un rejet offusqué du prétendant. Mais le scénariste-réalisateur a choisi une tout autre voie. Voie qui prend pleinement la dimension de son horreur avec une progressivité aussi lancinante que traumatisante. La principale réussite du film tient à la simplicité avec laquelle se développe la dramaturgie. Pas de monstres sanguinolants, ou de fantômes sauvages. Mais des êtres de chair et de sang, qui parcourent désormais leur vie en décalage avec la conscience objective habituelle. Et c'est d'autant plus flippant ! A-t-on jamais vu des sourires aussi terrorisants ? Des réunions d'amis dont le vernis joyeux se craquèle avec autant de malaise ? Et que dire de la manière dont le spectateur percevra désormais le simple cliquement d'une cuillère à café dans une tasse de thé ? 
 
 Bien sûr, fondamentalement, l'histoire puise ses racines dans l'abomination d'un racisme ici totalement décalé. Mais l'œuvre est surtout d'une efficacité saisissante, aussi bien dans la matière dramatique brute, que dans les bruitages, pourtant tout sauf spectaculaires, ou les visions de ces zombies aux sourires effrayants. Reste tout de même une question qui interpelle : pour quelle raison le réalisateur a-t-il d'emblée annoncé la couleur dans une première scène dont la raison d'être, non seulement échappe, mais surtout compromet la surprise future du spectateur ? Cela demeure un mystère...

   
Bernard Sellier