Goldeneye, film de Martin Campbell, commentaire

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Goldeneye,
       1995, 
 
de : Martin  Campbell, 
 
  avec : Pierce Brosnan, Izabella Scorupco, Sean Bean, Famke Janssen, Joe Don Baker,
 
Musique : David Arnold

   
 
Dix-septième James Bond "officiel".  
 
 Archangelsk : un complexe secret d'armes chimiques russe. James Bond (Pierce Brosnan) accompagné de son ami 006, Alec Trevelyan (Sean Bean), s'y introduisent et la minent. Mais Alec est capturé par le général Ourumov (Gottfried John) et exécuté sous les yeux de 007, qui parvient à s'échapper, mission accomplie. Neuf ans plus tard, au centre de contrôle des armes spatiales soviétiques, à Severnaïa. Le général Ourumov prend le contrôle du satellite de destruction "Goldeneye", et anéantit la base après avoir tué tous ses occupants. A l'exception de Natalia Simonova (Izabella Scorupco), jeune programmatrice, qui parvient à échapper au carnage. James arrive à Moscou pour enquêter sur un groupement dénommé Janus, dirigé par un mystérieux chef que personne ne connaît... 
 
 Première incursion de Pierce Brosnan dans l'univers Bondien et, à mon goût, la meilleure des quatre exécutées à ce jour. L'intrigue ne renouvelle certes pas le genre de façon radicale. On a droit à une histoire classique avec prise de pouvoir par satellite interposé, méchants traditionnels, bombes à retardement, bref, la panoplie habituelle. Mais chacun admettra sans peine que les scénarios des Bond ne sont pas, en général, d'une folle originalité. Ce sont les moules et les formes plus ou moins généreuses et inventives qui, pour les amateurs, cela va sans dire, font le prix de ces épisodes répétitifs, calibrés à la gloire de l'espion élégamment sexiste et immortel. Ce dix-septième opus tient bien la route. La progression de l'intrigue est claire (ce qui ne sera guère le cas pour "Le Monde ne suffit pas") ; les rebondissements sont habilement amenés ; le rythme ne faiblit pas ; la poursuite délirante en char d'assaut dans les rues de scou vaut le détour ; certains décors, en particulier ce bric à brac de ruines staliniennes, sortent d'un ordinaire convenu ; les deux beautés, qui ont la lourde charge de ballotter James entre le bien et le mal, offrent de bien charmantes plastiques et voient leurs rôles habilement équilibrés... 
 
 Même si certaines langues moqueuses déclarent que Pierce Brosnan a besoin de sa doublure pour ramasser un stylo tombé, il me paraît évident qu'il n'est pas loin, après Sean Connery, admettons-le, d'être le James Bond idéal. Elégant, décontracté, un subtil mélange d'humour et de gravité dans l'expression, sans la rondeur un peu bonnasse de Roger Moore... N'est-ce pas là le portrait craché de l'espion de Sa Gracieuse Majesté ? 
 
 Que manque-t-il finalement à ce "Goldeneye" pour être un grand film d'aventure ? Le mystère, l'imprévu, la jouissance de l'inconnu. Mais le balisage immuable qui cerne James : "Q", "M", la vodka martini au shaker, Moneypenny (Samantha Bond)... sont la marque déposée indélébile du British le plus sexy de la planète. Si tout cela disparaissait, il se désintègrerait à la seconde ! 
 
 Alors, savourons le plaisir factice de retrouver, régulièrement, ce sauveur du monde dans son décor de rêve devenu familier...
   
Bernard Sellier