La guerre est déclarée, film de Valérie Donzelli, commentaire

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La guerre est déclarée,
     2011, 
 
de : Valérie  Donzelli, 
 
  avec : Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Gabriel Elkaïm, Frédéric Pierrot, Philippe Laudenbach, Anne le Ny,
 
Musique : Antonio Vivaldi...

   
   
Romeo (Jérémie Elkaïm) rencontre Juliette (Valérie Donzelli), en devient amoureux. Un petit garçon, Adam, naît. Très vite, le bébé éveille l'inquiétude chez son père. Il pleure beaucoup, vomit. A dix-huit mois, il ne marche toujours pas. Un examen au scanner révèle la cause de ces perturbations : une tumeur intra-crânienne. C'est le début d'un combat aussi long que douloureux contre la maladie... 
 
   Sujet déchirant s'il en est, particulièrement délicat à traiter avec justesse, même lorsque le réalisateur n'est pas directement impliqué dans le drame. Qu'en est-il alors lorsque le récit relate une tragédie vécue dans la chair même de la conceptrice de l'oeuvre ? Un élément de réponse est donné par un échange entre Roméo et Juliette. Elle lui demande : "pourquoi est-ce que cela nous arrive ?", ce à quoi il répond : "parce que nous étions capables de le supporter". Dans ces brèves paroles nous trouvons l'illustration d'un précepte mystique qui affirme que rien de ce que l'âme expérimente au cours d'une incarnation ne peut excéder ce que la personnalité est capable d'assumer et de transcender.  
 
   Les pics d'angoisse appartenant désormais au passé, puisque Gabriel, le fils de Jérémie et de Valérie, est aujourd'hui en bonne santé, la jeune réalisatrice nous gratifie d'un récit équilibré entre lumières, joies, souffrances et désespoirs, duquel tout pathos, tout apitoiement, tout aspect mélodramatique, sont exclus. En cela, la réussite est totale et nombre de séquences distillent avec autant de sincérité, d'émotion juste, la menace d'un effondrement moral, ou la plongée libératoire dans la foule et le bruit. Pourtant, une étrange sensation s'invite progressivement. Paradoxalement, alors que le drame qui se déroule sous les yeux du spectateur n'a, hélas, rien d'imaginaire, celui-ci peut ressentir une sorte d'artificialité dans cette narration qui se veut détachée (les commentaires en voix off, primaires et heureusement rares, sonnent de manière agaçante). Les choix musicaux et, surtout, les chansons niaises qui s'invitent à deux reprises, ne sont pas non plus du meilleur goût. Mais il ne s'agit évidemment là que d'impressions on ne peut plus subjectives, qui peuvent être considérées comme secondaires face à l'intensité tragique du récit.
   
Bernard Sellier