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L'hermine,
        2015, 
 
de : Christian  Vincent, 
 
  avec : Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier, Corinne Masiero, Simon Ferrante,
 
Musique : Claire Denamur

   
   
Martial Beclin (Victor Pontecorvo) est accusé d'avoir tué sa fille de sept mois. Il comparaît aux assises de Saint Omer, dont le Président est Michel Racine (Fabrice Luchini). Au commencement du procès, les jurés sont tirés au sort et Michel voit avec stupéfaction que parmi eux figure une jeune femme qu'il connaît, Ditte Lorensen-Coteret (Sidse Babett Knudsen)... 
 
   Le scénariste réalisateur donne ici un rôle en or à Fabrice Luchini. Celui de Président d'un tribunal d'assises. C'est-à-dire une position qui tient à la fois du théâtre et du pouvoir. Tout ce qui peut enflammer un acteur aussi charismatique et magistral. Du moins est-ce ce qui est censé émaner d'une telle situation. Car, dès l'ouverture, le prétendu redouté, haï, Michel Racine, apparaît comme un petit bonhomme souffreteux, aigri, qui mange des pommes véreuses dans sa minable chambre d'hôtel, puisque sa riche femme vient de le mettre à la porte. Une personnalité bien éloignée du terrifiant magistrat qui nous est annoncé. Pourquoi pas. Il peut être passionnant de découvrir la face cachée et fragile, humaine, d'un ogre. Les débats commencent et l'histoire se scinde en deux directions. D'un côté, le procès lui-même, avec ses débats, le défilé de ses témoins pittoresques ou désarçonnés, les doutes et les zones d'ombre. De l'autre, les émois amoureux d'un Président devant le médecin anesthésiste qui l'a suivi lors d'un épisode médical quelques années plus tôt. Deux voies qui pourraient se révéler palpitantes. Malheureusement, il n'en est rien ! Les débats affichent quelques menus rebondissements (très menus !), et le spectateur se désintéresse progressivement d'une issue qui, de plus, est amenée de manière brutale, pour ne pas dire désinvolte. Quant à la romance entre les deux tourtereaux, le moins que l'on puisse dire est qu'elle demeure au ras des pâquerettes, même si la danoise Sidse Babett Knudsen illumine l'écran de son charme discret mais envoûtant. Pourtant, l'expression que Michel affiche lorsqu'il découvre la présence de l'anesthésiste laissait entrevoir une relation sinon tendue, tout au moins complexe et riche. Hélas, tout, dans cette oeuvre privée de véritables noeuds dramatiques ou sentimentaux, se révèle tiède, effleuré, superficiel et au final bien peu attractif. On ne s'ennuie pas vraiment, mais on n'est jamais captivé. Un tout petit 4 étoiles. Dommage...
   
Bernard Sellier