Une famille de Mongols vit à la lisière du désert de Gobi. Il y a là Ikchee (Ikhbayar Amgaabazar), le père, Odgoo (Odgerel Ayusch), la mère, Dude et Ugna, les deux garçons, ainsi que les grands-parents. C'est la période où les chamelles mettent bas. Tout se passe bien, sauf pour l'une d'elles. Après un accouchement difficile, elle refuse d'allaiter son petit. Il est indispensable de trouver une solution si l'on ne veut pas que le bébé chameau disparaisse...
Ni véritablement documentaire (on n'apprend pas grand chose sur la vie antédiluvienne de ces personnages hors du temps contemporain), ni réellement conte (tout ce qui survient est bel et bien ancré dans la matérialité), ce film est en tout cas, une belle et sympathique surprise. Certes, le moins que l'on puisse dire est qu'il ne se passe pas grand chose durant cette heure et demie, tout au moins pour nous autres Occidentaux habitués désormais à trouver interminable un plan qui dure plus de dix secondes... Honnêtement, il faut d'ailleurs reconnaître que vingt minutes de moins n'auraient pas été castratrices. Cela étant, cette vision d'êtres calmes, harmonieusement intégrés dans une nature pour le moins hostile, concentrés sur ce qui est, pour eux, le fondement de l'existence, à savoir la perpétuation de la vie, nous renvoie brutalement à ce que nous avons abandonné pour devenirs prisonniers du superflu. C'est très beau, très lent, empli de sérénité, et, si l'on entre dans cet univers décalé de notre réalité quotidienne, inspirant. Dommage, tout de même, que la version française soit aussi peu adaptée, frisant par moment l'insupportable.
Bernard Sellier