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       2009, 
 
de : Yann  Arthus-Bertrand, 
 
  avec : Yann Arthus-Bertrand (narrateur) ( version TV)
 
Musique : Armand Amar

  
   
Le constat hautement inquiétant de la santé de cette petite planète bleue sur laquelle l'homme a réussi un exploit qui paraissait irréalisable : bousiller, en un minuscule siècle, l'équilibre et la perfection édifiés patiemment durant des millions d'années ! L'exploit est d'autant plus impressionnant qu'il n'a pas été accompli par la totalité de l'humanité, mais seulement par une petite frange aussi égoïste qu'inconsciente, pour laquelle la captation d'un profit immédiat occupe tout le volume de la pensée. Le reste de l'humanité se divise en deux grands groupes : ceux qui ont la possibilité de profiter (pour le moment) de cette course au progrès mortifère, qui est un miroir aux alouettes à la dangerosité soigneusement masquée, et ceux (ils sont plus d'un milliard et demi !) qui continuent à vivre comme il y a 5000 ans, sans eau potable, sans électricité, et souvent sans nourriture. On n'en finirait plus d'énumérer les délires générés pas l'homme qui envahissent la terre : déforestations massives (Haïti), qui, outre leur impact sur l'émission de gaz à effet de serre, ont pour conséquences immédiates de provoquer des érosions monstrueuses des sols ainsi découverts (Madagascar) ; implantations en plein désert de villes engloutissant des quantités d'eau faramineuses (Las Vegas ou Palm Springs) ; remplacements des biodiversités existantes par des monocultures (soja, palme, eucalyptus) possédant un rendement pécuniaire élevé ; déversements massifs d'insecticides, pesticides, qui se potentialisent et s'accumulent dans les sols, faisant disparaître tous les (micro) organismes qui aèrent et vivifient notre terre (Merci qui ? Merci Bayer, Monsanto !!!)... Bref, un cauchemar vécu actuellement par un tiers de la population terrestre, et, peut-être, supporté par la totalité dans quelques décennies ! Un drame d'autant plus inadmissible que la moitié des pauvres vit dans des pays très riches en ressources (merci qui ? Merci les gouvernants. Il faut bien que Rolls Royce et Ferrari vendent leurs belles créations !).  
 
   C'est une première, pour un film, quelle que soit sa nature, de sortir simultanément dans une multitude de pays, qui plus est, sous toutes ses formes (écrans de cinéma, télévision, DVD, blu-ray). Excellente initiative, c'est incontestable. L'effet sera-t-il à la mesure de la distribution ? Sans être foncièrement pessimiste, c'est fort peu probable. Pour plusieurs raisons. Ceux qui ont entrepris de mettre à sac notre planète ne voient qu'une chose : le profit immédiat, se contrefichent totalement des conséquences, et, surtout, ont le pouvoir financier de dicter leurs lois aux gouvernements. Ceux qui profitent des "bienfaits" répandus par les premiers (c'est-à-dire vous et moi) ont tellement pris l'habitude de consommer sans mesure, qu'il sera quasiment impossible d'inverser la tendance. Ceux qui n'ont pour l'instant pas eu la chance (?) de bénéficier du "progrès" n'ont qu'une hâte : celle de rattraper leur retard. Et puis une question toute bête : la beauté plastique exceptionnelle de ce film (et encore ce n'était qu'une vision TV sur un écran HD ready !) était-elle le moyen le plus efficace de montrer les horreurs générées par l'action humaine ? Certes le narrateur insiste lourdement sur les dangers qui nous guettent, sur la folie dévastatrice qui anime cette petite frange irresponsable que l'on appelle "les décideurs", mais qui devrait plus justement être nommée "les massacreurs". Au final, quelle force l'emportera dans la mémoire des spectateurs : celle de la parole ou celle des images ? Sans compter qu'il y aura toujours les aveugles irréductibles. Ceux qui, à l'image des "révisionnistes" pour lesquels la solution finale hitlérienne est une pure invention, clament haut et fort que l'homme n'est pour rien dans les modifications subies par la planète...  
 
   Le film se clôt sur quelques lueurs d'espoir, initiatives personnelles, scientifiques ou gouvernementales. Une goutte de sagesse dans l'océan des ivresses incontrôlées...
   
Bernard Sellier