Des hommes d'influence, film de Barry Levinson, commentaire

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Des hommes d'influence,
       ( Wag the dog ),     1997, 
 
de : Barry  Levinson, 
 
  avec : Robert de Niro, Dustin Hoffman, Anne Heche, Denis Leary, Kirsten Dunst, William H. Macy, Woody Harrelson,
 
Musique : Mark Knopfler, Tom Bähler


   
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Recette magique '

   
L'élection présidentielle approche. Mais, catastrophe, l'occupant actuel de la Maison Blanche est accusé de harcèlement sexuel par une jeune fille. Branle-bas de combat général. Winifred Ames (Anne Heche), conseillère du Président, fait appel à Conrad Brean (Robert de Niro), un spécialiste de la communication pour tenter d'endiguer le scandale imminent. Ce dernier contacte un producteur hollywoodien, Stanley Motss (Dustin Hoffman). Les deux hommes ont l'idée géniale de détourner l'attention du public sur une crise internationale aussi dramatique qu'inventée : la guerre que l'Amérique prépare contre l'Albanie et ses terroristes... 
 
   Barry Levinson a tourné ce film en un petit mois suite au retard pris par sa réalisation "Sphère" (assez peu passionnante, d'ailleurs, soit dit en passant). On assiste, sans véritable surprise, à la mise en scène démentielle d'un événement virtuel, et à la manipulation télévisuelle des masses. Pourquoi sans grande surprise, alors que la pilule à avaler est énorme ? Tout simplement pour deux raisons majeures. D'une part, si l'on réfléchit ne serait-ce qu'un tout petit peu, on est conscient que nous sommes formatés du matin au soir par tous les médias qui nous sont imposés et qu'il est impossible de vérifier la plus petite information qui nous est livrée. D'autre part, surtout, parce que le film revendique son statut de grosse farce, assurément plaisante, jouissante par moments, bien défendue par un de Niro sobre dans son délire, et un Dustin Hoffman mégalomane à souhait, qui fait attendre le Président au téléphone pour finir son histoire d'éléphant, mais dont la progression ne s'élève jamais au-dessus du gag, aussi énorme soit-il. Certes l'humour est un moyen remarquable et efficace pour fouiller là où ça fait mal et débusquer l'abcès afin de mieux le percer, mais un minimum de crédibilité est nécessaire et l'enlisement dans le farfelu ou le grotesque (l'inénarrable soldat Schumann de Woody Harrelson !) n'est peut-être pas idéal pour éveiller la masse de son hypnose.  
 
   En ce qui me concerne, plutôt qu'un pamphlet caustique et dénonciateur de la dictature du virtuel, ce qu'il est dans son fondement, j'en conviens, j'y vois plutôt une comédie superficielle au résultat lisse et sage qui ravale un sujet capital au niveau de bluette inoffensive et habilement calibrée pour que la dénonciation ne surpasse jamais le divertissement. 
 
   Pour ce qui est du fond, sujet primordial s'il en est !, il peut être très enrichissant de lire les " Livre jaune 5" et "Livre jaune 6" (Editions Felix), ainsi que l'original : "Les sociétés secrètes et leur pouvoir au XXème siècle", qui, même si leur contenu ne se prétend pas fiable à 100%, ont l'immense mérite d'ouvrir le regard de l'être humain sur d'autres visions de l'histoire passée et du futur en marche, et de mettre en route un questionnement adulte sur le monde qui nous est montré.
   
Bernard Sellier