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Horns,
     2013, 
 
de : Alexandre  Aja, 
 
  avec : Daniel Radcliffe, Max Minghella, Joe Anderson, Juno Temple, Kelli Garner, James Remar, David Morse, Heather Graham,
 
Musique : Robin Coudert

 
   
Ignacius (Ig) Perrish (Daniel Radcliffe) est considéré par tous comme l'assassin de sa metite amie Merrin (Juno Temple). L'un de ses meilleurs amis d'enfance, Lee Tourneau (Max Minghella), devenu avocat, le défend avec énergie. Un matin, après une nuit de soûlerie, Ig se réveille avec une paire de cornes qui sortent progressivement de son front. Il s'aperçoit très rapidement que ces appendices possèdent un pouvoir curieux sur les gens qui l'approchent... 
 
   Toutes sortes de réactions émotionnelles peuvent naître à la vision d'un film. L'ennui, l'enthousiasme, le dégoût, l'empathie, la passion, l'admiration... Il y en a parfois, tel celui-ci, qui génèrent la rage. 
 
   Dans un premier temps, le pitch surprend passablement. D'une part on ne peut pas dire que l'idée de départ provoque une adhésion immédiate. D'autre part, le symbolisme des cornes, qu'il soit basiquement en relation avec le cocufiage, ou, de manière plus archétypale, avec la démonologie, semble assez déplacé dans le contexte présent. Mais, finalement, la pilule passe bien. Le ridicule ne s'invite jamais, et la narration use de cette situation avec une mesure qui ne dérape jamais. Bien plus, au fur et à mesure que l'histoire de ces deux amoureux se développe devant le spectateur, une véritable empathie prend naissance. La trame est classique, l'originalité n'est pas à l'ordre du jour, mais nous sommes confrontés à une passion très simple, très belle, et très douloureuse. 
 
   Seulement voilà... Il ne saurait être question de se contenter d'un thriller dramatique ordinaire, de ne pas inviter les démons du gore primaire à frapper d'un coup à la porte du scénario. La dernière ligne droite convoque donc un final grand-guignolesque qui, d'un coup, discrédite radicalement toutes les finesses qui ont précédé. Certes, les effets spéciaux sont très convaincants. Certes les choix du réalisateur, et, sans doute, de l'auteur du livre (que je n'ai pas lu), sont infiniment respectables. Certes nombre de spectateurs se régaleront sans doute des métamorphoses plus qu'improbables qui nous sont offertes. Mais il est tout aussi respectable de sentir la rage monter devant ce qui nous semble un sabordage désespérant de ce qui s'annonçait comme une tragédie intime et discrètement onirique.
   
Bernard Sellier