L'imposture, Saison 1, série de Niall MacCormick, commentaire

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L'imposture,
     (Deceit),      Saison 1,     2021, 
 
de : Niall  MacCormick, 
 
  avec : Niamh Algar, Eddie Marsan, Harry Treadaway, Rochenda Sandall, Sion Daniel Young, Charlie Carter,
 
Musique : Marc Canham


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Durant l'été 1992, l'assassinat dans un parc public de Rachel Nickell (Katie Buchholz), une jeune mère, bouleverse la ville de Wimbledon. L'inspecteur Keith Pedder (Harry Treadaway) est persuadé que le coupable est Colin Stagg (Sion Daniel Young), mais il ne parvient pas à le faire avouer. La police décide alors d'infiltrer l'agent Sadie Byrne (Niamh Algar) auprès de Colin, en se fabriquant une personnalité susceptible d'attirer celle du suspect...

 Il s'agit d'une histoire authentique. Tout commence par une enquête policière qui ne parvient pas à se conclure, et par la décision prise de monter une opération de mise en confiance qui, selon le psychologue de service, devrait conduire à des aveux rapides de la part du présumé coupable. Le récit quitte donc assez vite l'aspect purement policier, pour se concentrer sur une plongée manipulatrice dans les abîmes psychiques de deux malades censés se rencontrer dans leurs fantasmes, et communier dans des confidences aussi intimes que secrètes. Mais l'opération qui était censée aboutir en quelques semaines s'éternise et provoque peu à peu une perturbation mentale chez Sadie, qui glisse involontairement dans une sorte de dédoublement de personnalité. Il faut d'ailleurs saluer l'interprétation troublante et intensément incarnée que Niamh Algar donne de cette policière, écartelée entre la rage de faire avouer son crime à Colin, au besoin en le poussant de manière artificielle dans ses ultimes blocages, mais progressivement consciente parallèlement de culpabiliser, en jouant d'une façon odieuse avec un être dépressif et mentalement perturbé. Il est d'ailleurs important de poursuivre le visionnage de la série jusqu'au début du générique final, puisque sont mentionnées quelques informations précieuses sur le devenir des protagonistes de l'affaire. Il est intéressant de constater, par exemple, que le professeur Paul Britton, initiateur du plan monté par la police, a nié avoir refusé d'établir un lien entre les meurtres de Rachel et de Samantha, commis tous deux par le véritable tueur. Le pouvoir destructeur de cet échec retentissant fut tel que Sadie et Pedder mirent fin à leur carrière de policiers. Voilà une courte série qui, outre son authenticité avérée, délaisse l'artificiel et le spectaculaire pour plonger le spectateur dans une instrumentalisation aussi trouble que parfois poignante, qui débouche sur un abominable gâchis humain. Mentionnons également le jeu particulièrement inspiré et ensorcelant de Sion Daniel Young, dans le rôle de cet homme brisé par seize années de torture psychologique, avant que le gouvernement ne lui présente ses excuses ainsi qu'un dédommagement.
   
Bernard Sellier