2 juillet. L'institut SETI, basé au Nouveau Mexique et chargé de repérer d'éventuelles communications provenant de l'espace, perçoit un signal. Quelques heures plus tard, le monde, stupéfié, voit arriver de gigantesques vaisseaux spatiaux de vingt kilomètres de diamètre qui se positionnent au-dessus des plus grandes villes de la planète. Puis c'est la destruction massive. Le Président Thomas Whitmore (Bill Pulmann), prévenu à temps du danger par le mari de sa conseillère, David Levinson (Jeff Goldblum), fuit dans son "Air force One" et trouve refuge dans un endroit dont il n'a jamais entendu parler, la base secrète 51 du Nevada, où sont entreposés, depuis 40 ans, l'Ovni de Roswell et ses occupants décédés. Se retrouvent là également, le capitaine d'aviation Steven Hiller (Will Smith) ainsi que son épouse Jasmine (Vivica A. Fox). Une contre offensive est lancée, mais les vaisseaux sont protégés par des boucliers magnétiques. Il va falloir trouver autre chose...
Si le délire scénaristique américain n'existait pas, il faut reconnaître que ses voluptés nous manqueraient ! Parce qu'enfin, si l'on place à part les quinze premières minutes qui "font" dans le relativement sérieux, avec une approche des vaisseaux dramatiquement efficace et sobre, le reste constitue tout de même un sommet du comique débridé. Le spectateur qui accepte de visionner cette histoire avec la distanciation d'un passionné de jeu vidéo, ne peut que se bidonner devant les excentricités insensées, assumées sans complexe par les géniteurs de cette grosse machinerie. Il serait beaucoup plus rapide d'y comptabiliser les cohérences que les aberrations, dont le nombre et la fréquence donnent le vertige au plus mathématicien. Mais c'est justement dans cet excès incontrôlé que réside la réussite de Roland Emmerich. Si cette histoire, ô combien tragique dans son fondement, était traitée classiquement, comme le ferait un honnête réalisateur adepte du travail sérieusement fait, les erreurs ou contradictions choqueraient l'apprenti scientifique que nous désirons tous paraître. Ici, nul besoin de se poser la question d'une éventuelle vraisemblance, puisque le mot ne doit même pas être reconnu par le metteur en scène. Donc, nous pouvons tout à loisir savourer, entre deux amandes grillées, les bons mots de Will Smith qui nous joue un "Bad boy" militaire, son génie du pilotage qui lui permet de conduire le petit ovni des années cinquante comme il le ferait de sa Cadillac, les inventions géniales de David, le "McGyver" de la pré-apocalypse, le recrutement express des aviateurs dans les camps de réfugiés, ou encore le courage exemplaire de ce Président-pilote, bien éloigné de l'actuel, présumé "planqué" pendant la guerre du Vietnam, en passant, bien évidemment, par le couplet patriotique en hommage à la libération de l'humanité par le génie américain.
Il n'y a pas à dire, ce film est un sommet. Du n'importe quoi, c'est sûr, mais un sommet tout de même ! Et puis, côté effets spéciaux, on en a tout de même pour son argent !
P.S. Dans le numéro 106 dela revue "Les Années Laser" (page 96) de novembre 2004, Roland Emmerich, interviewé au sujet de la sortie en DVD de son film "le Jour d'après", apporte une fort intéressante précision sur cette réalisation : "Permettez-moi de vous révéler ce que personne au monde n'a perçu : "Independence day" était un film 100% ironique. Les Américains l'ont pris au premier degré, et ils l'ont trouvé formidable ; les Français l'ont pris au premier degré, et ils l'ont trouvé grotesque... Mais aucun spectateur ni journaliste ne l'a abordé au second degré et n'a par conséquent senti que je me moquais ouvertement de l'Amérique".
Bernard Sellier