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Insomnia,
        2002, 
 
de : Christopher  Nolan, 
 
  avec : Al Pacino, Robin Williams, Martin Donovan, Hilary Swank, Maura Tierney,
 
Musique : David Julyan

  
   
Une jeune fille de 17 ans, Kay Connell, est morte après avoir été frappée violemment. Cela se passe en Alaska, le pays où, durant plusieurs mois d'été, le soleil ne se couche jamais. Deux inspecteurs de Los Angeles, Will Dormer (Al Pacino) et Hap Eckhart (Martin Donovan), sont envoyés sur les lieux. Ils sont accueillis par une jeune femme policier, Ellie Burr (Hilary Swank), grande admiratrice des exploits de Dormer. Lors d'un guet-apens destiné à piéger le tueur, Will tue accidentellement son coéquipier à cause du brouillard. Il s'arrange pour que cette mort soit imputée au criminel... 
 
   Cette œuvre, à l'intrigue de base fort peu originale, se démarque rapidement de ses consoeurs par plusieurs éléments dont la conjugaison donne naissance à un jeu de pistes criminelles, et surtout psychologiques, fort intéressant. C'est évidemment l'atmosphère qui, de prime abord, retient l'attention. Glaciale, grisâtre, brumeuse, elle donne l'impression de se trouver à des années-lumière des habituels décors citadins, bruyants et crasseux. Ensuite, cette éternelle lumière du jour, qui transforme Al Pacino, arborant déjà une physionomie hébétée à son arrivée, en une sorte de zombie somnambule. Puis cette relation, étrange, antinaturelle, entre les représentants de la dualité : bien/mal. Mais, justement, rien n'est vraiment limpide dans ces personnages dont les tempéraments sont constitués de strates plus ou moins claires. Tout en ne dédaignant jamais le déroulement de l'intrigue, le réalisateur s'enfonce de plus en plus dans une réflexion sur l'intime conviction, sur la notion élastique d'intégrité, et sur celle, non moins troublante, de culpabilité. Will ne dort pas pendant plusieurs nuits. La faute à ce satané soleil qui refuse de se coucher, bien sûr. Mais n'est-ce pas aussi parce que certains faits, passés et/ou présents, le rongent ? Quant à Robin Williams, étonnamment sobre, il campe un étrange individu, mélange de dangerosité élevée, de cynisme et de décontraction élégante. 
 
   Pas d'esbroufe, pas de tape à l'oeil ou de clinquant (l'unique course poursuite se fait sur des rondins flottants !), mais une ambiance prenante et glauque qui s'imprègne profondément dans la mémoire.
   
Bernard Sellier