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Jeune et jolie,
      2013, 
 
de : François  Ozon, 
 
  avec : Marina Vacth, Charlotte Rampling, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot, Fantin Ravat, Johan Leysen,
 
Musique : Philippe Rombi

  
   
Isabelle (Marina Vacth) vit avec sa mère, Sylvie (Géraldine Pailhas), son beau-père, Patrick (Frédéric Pierrot), et son petit frère, Victor (Fantin Ravat). La famille paraît unie et sans problèmes majeurs. Pourtant, un jour, Isabelle commence à se prostituer et semble prendre un certain goût à cette nouvelle vie secrète... 
 
   Ici, contrairement à nombre d'autres films qui explorent les émois et les perturbations psychologiques de l'adolescence, aucun geyser de violence, aucune rébellion tonitruante. Si rébellion il y a, car le récit ne fournit quasiment aucune explication à l'attitude vivencielle de la jeune fille, elle évolue sans bruit et sans ostentation, lui permettant de conserver une façade lisse, une personnalité pondérée, dont les tourments et pulsions intérieures demeurent indétectables. Le réalisateur laisse au spectateur toute liberté pour tenter d'interpréter cette dérive, ou, tout simplement, pour entrer en empathie avec Isabelle. Cette dernière proposition n'est pas des plus aisées. Si le mental est susceptible de présenter mille "explications" en fonction du vécu, des croyances, des expériences de chacun, le coeur éprouvera sans doute davantage de difficulté à partager les émotions et les ressentis, car bien peu de matière lui est fournie. Marina Vacth joue avec un remarquable talent la carte de l'ambiguïté, fidèle en cela aux choix de François Ozon. Mais cette observation presque placide, distanciée, limite froide, n'autorise guère l'implication émotionnelle, hormis dans un très petit nombre de scènes, dont la sobre et belle conclusion. Conclusion n'est d'ailleurs pas le mot qui convient, car l'Isabelle de cet instant paraît n'être guère différente de celle qui s'affichait sur la plage au début du film. Etrange, tout de même, qu'une oeuvre auscultant avec pudeur une déviation adolescente a priori bouleversante, laisse, au final, presque indifférent !
   
Bernard Sellier