Les jeunes amants, film de Carine Tardieu, commentaire

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Les jeunes amants,
     2021, 
 
de : Carine  Tardieu, 
 
  avec : Fanny Ardant, Melvil Poupaud, Cécile de France, Florence Loiret Caille, Sharif Andoura,
 
Musique : Eric Slabiak, Chopin, Schubert


 
En 2006, lors d'une visite à une amie très malade hospitalisée, Shauna Loszinsky (Fanny Ardant) fait la connaissance d'un jeune et séduisant médecin, Pierre Escande (Melvil Poupaud). Quinze ans plus tard, lors d'un séjour en Irlande, en compagnie de son ami Georges (Sharif Andoura), Pierre retrouve Shauna. Il la revoit ensuite à Paris et commence une liaison avec elle... 
 
 Jusque là, rien que du banalissime. Ce qui fait le (très relatif) piment de cette histoire, c'est que Shauna est âgée de soixante-et-onze ans, tandis que Pierre flirte avec la quarantaine. Qui plus est, il est marié avec la ravissante Cécile de France, ce qui n'est pas donné à tout le monde ! Pourtant, les troubles hormonaux et émotionnels étant ce qu'ils sont, le séduisant médecin tombe sous le charme de Shauna qui, disons-le franchement, ne fait pas du tout ses soixante-dix décennies, et conserve son charisme, autant physique que vocal, intact. Sur le papier, le sujet se montre donc étonnamment léger. Dans son développement, il ne produit guère d'étincelles inattendues, et les séparations, tentatives, retrouvailles, se révèlent hyper classiques. Quant à la musique, souvent hors de propos sur certaines scènes, voire inadaptée au style de certaines, elle agace souvent. Les moments les plus enthousiasmants sont dus à Schubert (Ständchen, D.957) ou à Chopin (Nocturne op.9 n°2). Si l'on s'en tenait à cette accumulation de caractéristiques extérieures, nul doute que le constat final serait fort peu enthousiaste.

 Pourtant, cette union improbable entre la fragile Shauna, aussi angoissée par un plongeon en apnée dans cette passion tardive que par la peur de la manquer, et l'obstiné Pierre, indifférent à tout ce qui n'est pas son attirance pour la belle solitaire, ne manque ni de tendresse, ni de sensibilité, ni d'humanité. Sans doute cette finesse dans l'analyse psychologique d'une relation assez banale, tient-elle au fait que les quatre scénaristes sont des femmes. Le tempérament de Pierre est d'ailleurs très marqué par le Yin. Étant donné que ce genre d'amour ne peut être éternel, le récit introduit une maladie dégénérative chez Shauna, avec tout ce que cela sous-entend de craintes, de rétractation, de souffrances, puis de résignation. Les rôles secondaires sont habités avec sensibilité, en particulier par Cécile de France et Florence Loiret Caille. Dommage que les directeurs d'acteurs n'aient pas encore compris qu'il faut apprendre aux jeunes acteurs l'importance de l'articulation. On comprend un mot sur trois de ce que dit Rosalie (Sarah Henochsberg), la fille de Pierre. Heureusement que ses interventions ne sont pas primordiales.
   
Bernard Sellier