John Wick 3, parabellum, film de Chad Stahelski, commentaire

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John Wick 3, parabellum,
     2019,  
 
de : Chad  Stahelski, 
 
  avec : Keanu Reeves, Ian McShane, Halle Berry, Laurence Fishburne, Marc Dacascos, Anjelica Huston,
 
Musique : Tyler Bates, Joel J. Richard

  
   
John Wick (Keanu Reeves) ayant commis un meurtre dans l'enceinte 'sacrée' de l'hôtel Continental, il est déclaré 'excommunié'. Une prime de 14 millions de dollars est offerte à qui pourra le tuer. Il va sans dire que les clients intéressés sont nombreux... 
 
   Pourquoi mettre brusquement une seule étoile à ce troisième volet d'une franchise qui, sur le plan du pur spectacle cinématographique, dépasse largement le niveau habituellement occupé par ce genre ? Les décors sont inventifs, il y a une véritable atmosphère originale, presque intemporelle (on y tape à la machine, les communications se font avec des fiches comme il y a 80 ans, on découvre même une 'Inquisitrice' qui nous ramène aux temps fort peu glorieux de l'histoire humaine, Vivaldi s'invite lors de l'assaut de l'hôtel...), encore qu'assez cocasse dans sa radicalité improbable. Keanu Reeves en costard avec sa bouteille d'eau à la main dans le désert, vaut son pesant de cacahuètes... 
 
   Il y a que s'installe très rapidement un ras le bol insurmontable. Au bout des 25 premières minutes, on n'en peut déjà plus de voir étalée cette sauvagerie aussi complaisante que gratuite. Et surtout répétitive jusqu'à la nausée. Puis une pause intervient et le spectateur espère que le scénario va peut-être tout de même nous offrir autre chose que des milliers de coups de pistolet ou de couteaux. Mais hélas, le répit est de courte durée et les carnages reprennent de plus belle. Alors, arrive un moment ou le doigt enclenche la touche stop. C'est ce qui est survenu au bout de 95 minutes, pour la première fois depuis bien longtemps. 
 
   Mais, en fait, cette overdose de boucheries n'est que l'une des causes de cette interruption, et sans doute pas la plus importante. Ce qui hérisse surtout le poil dans cette création de Chad Stahelski, c'est le sérieux papal avec lequel il nous inflige ces délires mortifères et ses conceptions fumeuses, ce qui n'est jamais le cas, par exemple, de Quentin Tarentino. C'est déjà beaucoup, et d'un goût plus que douteux, d'avoir devant les yeux, de la première à la dernière minute, un Keanu Reeves marmoréen arborant une tête christique alors qu'il est le roi des assassins. Mais, surtout, le scénario se donne des airs de pseudo sagesse orientale, d'éthique professionnelle criminelle (La 'Table Haute' et ses 'commandements moraux ! On croit rêver...), qui, non seulement sont d'un ridicule achevé, mais encore semblent s'ériger en modèle de respectabilité vertueuse, construire un archétype de déférences totalement abjectes. On se retrouve dans la situation des chefs mafieux qui vont à la messe du dimanche avant de trucider le lundi une douzaine de concurrents. Il y a donc un moment où la bonne santé intérieure commande de mettre fin à cette ineptie qui détient sans doute le record de zigouillages manuels. Ce qui n'est pas vraiment à son honneur.
   
Bernard Sellier