Jour polaire, saison 1, série de Måns Mårlind, commentaire

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Jour polaire,
     (Midnight sun),       Saison 1,     2016,  
 
de : Måns  Mårlind..., 
 
  avec : Leïla Bekhti, Gustaf Hammarsten, Albin Grenholm, Jakob Hultcrantz Hansson, Olivier Gourmet, Jessica Grabowsky,
 
Musique :   Nathaniel Méchaly

   
   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

  La ville de Kiruna, située en Suède au nord du cercle polaire, connaît plusieurs mois de jour permanent par an. C'est une gigantesque mine de fer, surnommée 'maman' qui fait vivre la région. Un jour, un Français, Pierre Carnot (Denis Lavant), est retrouvé mort, attaché à la pale d'un hélicoptère. L'OCRVP de Paris envoie sur place Kahina Zadi (Leïla Bekhti) pour enquêter aux côtés du procureur Rutger Burlin (Peter Stormare). Mais celui-ci décède d'une crise cardiaque et c'est son adjoint, Anders Harnesk (Gustaf Hammarsten) qui le remplace... 
 
   L'intérêt premier de la localisation de cette intrigue durant le jour permanent de l'extrême nord, est de nous éviter les innombrables séquences nocturnes très appréciées des scénaristes, mais parfois fort pénibles pour une visualisation correcte des évènements. Plus sérieusement, précisons que cette particularité originale ne tient pas une place importante dans l'histoire. Celle-ci se montre d'emblée sauvage, avec des exécutions vaguement rituéliques spectaculaires et sanglantes. Le récit s'enfonce ensuite dans une enquête complexe qui présente l'intérêt de visiter les coutumes d'une population autochtone ostracisée, détestée, mais qui se montre également assez peu évolutive. Pourtant, les éléments constitutifs ne manquent pas. Symbolisme ancestral, chamanisme, vengeance, mystère, secret bien gardé, magouilles internationales, intervention d'un machiavélique envoyé français, Alain Gruard (Olivier Gourmet), se mêlent aux traumatismes passés des divers personnages (la mort tragique du fils de Sparen (Göran Forsmark), dix ans plus tôt, l'arrivée inopinée de Nadji (Jeremy Corallo), enfant caché de Kahina, l'homosexualité d'Anders, l'assassinat ancien de la rebelle Evelina Geatki (Maxida Märak). S'il y a des séries dont la trame se montre avare de matière dramatique, c'est loin d'être le cas ici. Il y aurait même plutôt overdose, surtout que les flashback, heureusement peu nombreux, ne sont pas très convaincants visuellement, noyés qu'ils sont derrière une espèce de voile surexposé assez peu heureux. Qui plus est, certaines réminiscences, comme par exemple celle qui est exposée dans l'interminable tête à tête mère-fils de l'épisode 5, plombent carrément le récit par un manque de spontanéité et de variété visuelle flagrant. L'intensité narrative connaît aussi un ventre mou à mi-parcours. Mais Leïla Bekhti se montre très convaincante dans un rôle difficile, parce que parfois trop écrit, et surtout, le dernier épisode atteint un degré de puissance et de suspense inattendu, offrant un bouquet final tout à fait excitant.

 Une série à la fois fascinante par son immersion dans une saga nordique mâtinée de criminalité moderne, mais aussi parfois pénible par son étirement narratif et une complexification ponctuellement artificielle.
   
Bernard Sellier