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Jusqu'à la garde,
      2017, 
 
de : Xavier  Legrand, 
 
  avec : Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux, Florence Janas, Coralie Russier,
 
Musique : --

   
 
Miriam Besson (Léa Drucker) et son mari Antoine (Denis Ménochet) sont en plein divorce. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la séparation est houleuse. Julien (Thomas Gioria), leur fils, a été auditionné par un juge auquel il a dénoncé les violences de son père... 
 
 Dire que cette dramatique histoire saisit le spectateur à la gorge et aux tripes est un faible terme. D'une part en raison du contexte familial qui voit une famille se déchirer en raison de la violence de l'un de ses membres. Ensuite en raison du choix des acteurs, qui, chacun dans leur registre, affichent une implication charnelle et intérieure aussi éprouvante qu'intense. Denis Ménochet est, à ce titre, une créature d'autant plus menaçante que ses explosions surgissent comme des geysers brûlants souvent inattendus. Violent, buté, culpabilisateur, manipulateur, à la limite de l'abruti bas du front, il occupe l'espace dramatique aussi bien lors de ses bouffées de violence que lors de ses silences aussi pesants que des dalles mortuaires. 
 
 Loin du surdécoupage à la mode dans le montage contemporain, le scénariste réalisateur a choisi d'instaurer sa dramaturgie à travers la lenteur, en travaillant sur la durée des plans ( même fixes ). La très longue scène d'ouverture dans le bureau de la juge, par exemple, parvient à instiller chez le spectateur la panique larvée qui sommeille chez les victimes. Sans oublier celle, dans le noir intégral (?) des sonneries répétées du père. Mais, parfois, la longueur des scènes ( l'anniversaire ) fonctionne moins bien et semble plus gratuite. 
 
 Pourtant, au-delà de l'émotion viscérale produite immédiatement par le récit, force est de reconnaître que le scénario, très écrit, ne laisse pas beaucoup de place aux nuances, jouant de façon presque permanente sur des pulsions primaires. Même si, l'espace d'un instant, Antoine semble prendre conscience de sa pathologie. La scène du sauvetage final est d'une émouvante puissance, mais la radicalité à sens unique du "monstre" laisse tout de même un goût amer... 
 
 ( Film visionné sur l'écran d'un Airbus A380... )
   
Bernard Sellier