Kill Bill 1, film de Quentin Tarentino, commentaire

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Kill Bill  I,
         2003, 
 
de : Quentin  Tarentino, 
 
  avec : Uma Thurman, Lucy Liu, Daryl Hannah, David Carradine, Michael Madsen, Julie Dreyfus,
 
Musique : RZA, D.A. Young

   
   
Une jeune mariée (Uma Thurman), enceinte, a été laissée pour morte par le gang des "Vipères assassines", dont elle faisait partie. Après quatre années de coma, elle s'éveille et entreprend une vengeance méthodique. Après avoir éliminé Vernita Green (Vivica A. Fox), elle se rend au Japon, et, plus précisément à Okinawa, où Hattori Hanzo (Sonny Chiba) accepte de lui forger un sabre de Samouraï, alors qu'il s'était juré de ne plus jamais le faire. La seconde cible est O-Ren Ishii (Lucy Liu), devenue "Parrain", si l'on peut dire, des mafias de Tokyo... 
 
    Ma première incursion dans l'univers bien particulier de Tarentino, s'était effectuée à travers "Reservoir dogs" (1992). C'est un euphémisme de dire que le genre ne m'avait pas particulièrement enthousiasmé. Voir pendant quatre-vingt dix minutes des truands à la cervelle composée de mayonnaise, se tirer dessus ou se torturer, n'est pas vraiment ma tasse de thé, même si la forme qui enveloppe le tout est brillante. "Jackie Brown", cinq ans plus tard, m'avait réconcilié avec le réalisateur (mais une vision récente n'a pas confirmé l'engouement d'alors...). En revanche, était-ce vraiment du Tarentino pur jus ?  
 
   Avec "Kill Bill", c'est un retour aux sources des massacres tous azimuts dont raffole Quentin ! Les révolvers d'il y a douze ans ont été remplacés par des lames aussi affutées que le regard bleu d'Uma Thurman, totalement impliquée et impressionnante de feu et de glace dans cette quête morbide de vengeance. Cela dit, si la beauté de l'acier remplace avantageusement la gueule noire des pistolets, le carnage n'en est pas plus propre, loin de là ! L'oeuvre est inondée de rouge, que ce soit la neige sur laquelle s'affrontent la mariée et O-Ren, les salles jonchées de têtes et de membres sectionnés, ou le ciel sur lequel se détache l'avion qui convoie la messagère de mort. J'ignore quels peuvent être les traumatismes qui hantent la tête du réalisateur, pour éprouver le besoin pathologique de ravaler les humains au rang de crêpes que l'on se régale à faire sauter et à découper, mais ça doit être gratiné ! Alors, de deux choses l'une, lorsque l'on aborde une semblable boucherie : soit on déclare forfait tout de suite, et on se remet un petit coup de "Sissi Impératrice", histoire de se nettoyer les neurones à l'eau de fleurs d'oranger ; soit on poursuit la vision de l'hécatombe, en se disant que, tout compte fait, la "mort" n'est qu'un passage à un stade de vie autrement plus envoûtant que le séjour terrestre, dans un corps limité.  
 
   Si l'on opte pour la seconde solution, il est impossible de ne pas apprécier à sa juste valeur la virtuosité, l'inventivité permanentes de Tarentino, qui n'ont d'égale que son attirance pour les giclées d'hémoglobine. Bruitages et musique, extrêmement élaborés, collent aux séquences avec l'efficacité d'une super glue premier choix. Alternance travaillée de combats en noir et blanc, en ombres chinoises, filmés en plongée, au ras du sol, de lenteurs quasi méditatives et de fulgurances félines, incursion de scènes sous forme de mangas, de musiques westerniennes... Tout a déjà été dit mille fois sur cet art de mettre en spectacle la mort. Et sur cette capacité fantastique à transformer un sujet mille fois rabâché, dont l'étendue tient sur un ticket de métro, en une tragédie multi-dimensionnelle quasiment épique ! 
 
   Jamais il n'a sans doute été aussi vrai de dire que c'est horriblement envoûtant !
   
Bernard Sellier