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Largo Winch,
      2008, 
 
de : Jérôme  Salle, 
 
  avec : Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas, Anne Consigny, Gilbert Melki, Miki Manojlovic, Mélanie Thierry,
 
Musique : Alexandre Desplat


   
Nerio Winch (Miki Manojlovic), puissant industriel installé à Hong-Kong, et 5ème fortune mondiale, vient d'être assassiné. Il avait en secret établi comme héritier et successeur un enfant adoptif, Largo (Tomer Sisley). Celui-ci est davantage un baroudeur et un aventurier qu'un futur PDG. Présentement au Brésil, il est le sauveur d'une jeune fille agressée par des voyous. Mais, en récompense, elle le drogue et cache dans ses affaires un paquet de drogue. Emprisonné immédiatement, il parvient à s'échapper en compagnie d'un employé de son père, Freddy (Gilbert Melki). Pendant ce temps, un puissant marchand d'armes russe, Mikhail Korsky (Karel Roden), désireux de se reconvertir dans des activités plus "pacifiques" lance une OPA sur le groupe Winch, géré provisoirement par le bras droit de Nerio, la belliqueuse Ann Ferguson (Kristin Scott Thomas)... 
 
   Le premier intérêt, et non des moindres, est qu'il est tout à fait possible d'apprécier le film sans être ( ce qui est mon cas ) un fan des BD. L'histoire n'a rien de révolutionnaire mais elle évite au moins, tout comme le traitement visuel qui en découle, les excès primaires qui sont souvent la marque de fabrique des adaptations de bandes dessinées. La caractérisation des personnages relève du strict minimum, l'imbrication des scènes présentes et passées rend par moments la narration un peu fouillis, mais l'intrigue est suffisamment retorse pour que l'intérêt ne se perde jamais en route. On passe allègrement du Brésil à Hong-Kong, de New York à la Croatie, dans une mise en scène assez élégante et très convenablement rythmée. Paradoxalement, cette classe indéniable constitue un handicap pour la réussite du film. Celui-ci, manifestement assez ambitieux, tant sur le plan dramatique que sur le plan de l'esthétique, souffre de l'absence d'individualités réellement marquantes. Largo est incarné par Tomer Sisley avec élégance et gentillesse, mais le dilettantisme et la transparence de son personnage ne sont pas près de le placer au panthéon des héros inoubliables. Quant aux "méchants" de l'histoire, ils sont plus que falots. Au final, l'oeuvre s'apparenterait davantage à un drame familial et financier, ponctué de quelques péripéties basiques, qu'à l'épopée aventureuse, voire héroïque à laquelle le spectateur était en droit de s'attendre. Ce qui d'ailleurs n'est pas en soi rédhibitoire. La déception naît avant tout de l'aspect globalement terne qui se dégage de l'ensemble et du manque d'aspérités pimentées susceptibles de générer un relief plus accrocheur. Dommage au vu des qualités inhérentes à la réalisation.
   
Bernard Sellier