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Libero,
      (Anche libero va bene),      2006, 
 
de : Kim  Rossi Stuart, 
 
  avec : Kim Rossi Stuart, Barbora Bobulova, Alessandro Morace, Marta Nobili, Sebastiano Tiraboschi,
 
Musique : Banda Osiris

  
   
Tommaso Benetti (Alessandro Morace), âgé d'une dizaine d'années, vit assez tristement avec sa grande soeur Viola (Marta Nobili) et son père Renato (Kim Rossi Stuart). Il pratique, non sans une certaine réussite, la natation, mais rêve de jouer au football. Un jour, la mère des deux enfants, Stefania (Barbora Bobulova) réapparaît, et supplie son mari de lui permettre de rester. Il accepte à contrecoeur et une certaine gaîté semble réapparaître dans la famille. Tommaso se lie d'amitié avec Antonio (Sebastiano Tiraboschi), qui vient d'emménager avec ses parents dans le même immeuble. Puis Stefania disparaît à nouveau... 
 
   Pour un premier film en tant que réalisateur et auteur, quelle réussite ! Il n'y a pas à proprement parler d'histoire, de scénario construit avec commencement et dénouement clairement identifiés comme tels. Il s'agit d'une chronique familiale qui découvre, sur quelques mois, les petites joies et les grandes souffrances d'êtres qui, aussi bien par l'âge que par l'immaturité, sont tous des adolescents. Stefania est, semble-t-il, car les dessous de ses perturbations psychiques ne sont pas explicités, une nymphomane irresponsable. Renato, qui paraît porter à bout de bras les jeunes rameaux qu'il a enfantés, se révèle d'une fragilité extrême, allant jusqu'à transférer sur son fils son désir de réussite, jusqu'à faire partager à ses enfants les problèmes d'adulte qu'il est incapable d'assumer. Paradoxalement, c'est le petit Tommaso qui donne l'impression de détenir la clé susceptible d'éviter l'éclatement définitif de la famille. Une clé qui est un mélange de sagesse native, d'amour inconditionnel et de capacité d'auto-protection spontanée (ses excursions au bord des toits, d'où il observe à la jumelle un monde qui lui est sans doute étranger). Extraordinaire de justesse, de sobriété expressive, Alessandro Morace donne à son incarnation une note subtilement poignante que l'on n'est pas près d'oublier. Mais c'est aussi l'ensemble de ces fragiles instants qui doit être salué, car le réalisateur (en l'occurrence remarquable également en tant qu'acteur !), sait esquiver tous les pièges qui guettent de telles chroniques, souvent plus mélo-dramatiques que purement et sèchement dramatiques. Et, surtout, loin de porter un jugement quelconque sur ses personnages, il prouve à chaque instant qu'il leur porte une tendresse, voire une compassion, profondes. Et de cette bienveillance naît une oeuvre profondément humaine et sensible.
   
Bernard Sellier