Le Livre de Jérémie, film de Asia Argento, commentaire

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Le livre de Jérémie,
    (The Heart is deceitful above all things),     2004, 
 
de : Asia  Argento, 
 
  avec : Asia Argento, Jimmy Bennett, Jeremy Renner, Peter Fonda, Jeremy Sisto, Michael Pitt, Cole Sprouse, Winona Ryder, Ornella Muti,
 
Musique : Billy Corgan, Marco Castoldi

  
   
Les parents adoptifs du petit Jérémie Jimmy Bennett), 7 ans, décident de se séparer de lui. C'est du moins ce que déclare la mère du garçonnet, Sarah (Asia Argento), une femme de 23 ans, paumée, droguée, en rut perpétuel, dotée d'une fibre maternelle quasiment inexistante. Après avoir subi une agression sexuelle de la part d'un des amants de sa mère, il est confié à ses grands parents (Ornella Muti, Peter Fonda), qui ont pour seul aliment la Bible... 
 
   Récit en sauts de puce, personnages déjantés, séquences hachées, montage parfois hystérique, à l'image de l'héroïne, absence quasi totale de liant entre des séquences qui deviennent de plus en plus disjonctées, confrontation primaire entre obsession du plaisir, attirance morbide pour la déchéance et enfermement dans une bondieuserie maniaque, rapports psychologiques pour le moins rudimentaires, symbolisme lourdingue... Il n'y a pas grand chose, dans cette bribe de parcours mère-fils, pour permettre au spectateur d'exercer sa compassion, son attachement, ou même simplement son intérêt. L'affliction qui devrait légitimement naître devant la galère endurée par ce petit bonhomme de sept ans est systématiquement laminée par la forme convulsive du récit. On regarde cette femme-enfant au visage hagard, aux réactions imprévisibles, qui dort en suçant son pouce, fait passer son fils tantôt pour son frère, tantôt pour sa fille, on observe ce petit garçon ballotté comme un fétu de paille entre les états pathologiques extrêmes de sa mère, et c'est avec une stupéfaction certaine que l'on s'aperçoit que l'émotion demeure au vestiaire. Les images s'agitent, les gros plans, les accélérations, s'invitent sans que leur incursion paraisse enrichir en quoi que ce soit le drame qui se développe théoriquement sous nos yeux. Le dénouement, à supposer que l'on puisse donner ce nom aux courtes secondes qui précèdent le générique, est d'une banalité totale... Eprouvant, mais pas vraiment dans le sens émotionnel auquel on aurait pu s'attendre...!
   
Bernard Sellier