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Lost in translation,
       2003, 
 
de : Sofia  Coppola, 
 
  avec : Bill Murray, Scarlett Johansson, Akiko Takeshita, Take,
 
Musique : Nicolas Godin, Brian Reitzell, Kevin Shields...


   
Bob Harris (Bill Murray) séjourne quelques jours à Tokyo afin de tourner des spots publicitaires pour une marque de whisky. Outre le gain important, le but était de s'éloigner de sa femme. Mais l'immersion dans ce monde étranger alliée au décalage horaire le rend insomniaque. Charlotte (Scarlett Johansson), récemment diplômée de philosophie, accompagne son mari, John (Giovanni Ribisi), photographe de stars. Mais il semble plus passionné par sa profession que par sa jeune épouse. Charlotte s'ennuie ferme et cherche un peu de chaleur humaine auprès de Bob... 
 
   "The Virgin Suicides", le précédent film de Sofia Coppola, ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. Sans doute une re-visitation serait-elle nécessaire ! Mais, autant l'avouer tout de suite, ce "Lost in translation", encensé par la plupart des critiques, est loin de m'avoir transporté ! L'idée de départ est intéressante : une sorte d'équation mathématique simple : motivations bancales + décalage horaire + barrière de la langue + fossé entre civilisations = débarquement sur la planète Mars, pour ne pas dire sur Aldébaran ! En quelques courtes séquences, le spectateur est plongé corps et biens dans un univers hermétique, totalement étranger à notre appréhension des codes et habitudes. Bill Murray, sorte de Droopy lunaire déboussolé, génère une sympathie immédiate. Il en est de même pour Charlotte, dont le sourire (malgré une bouche horrible !), ne résistera pas longtemps aux pressions suffocantes de l'environnement. La réalisatrice sous-entend avec tact, suggère avec élégance, se montre d'une grande justesse et surtout d'une infinie délicatesse dans la peinture de ces deux inconnus qui, sortis d'un contexte oppressif, ne se seraient sans doute jamais remarqués, encore moins rapprochés. Elle nous conte une sympathique histoire d'apprivoisements : celle de l'autre et celle d'un environnement hostile, livre une exploration fine de l'éventualité d'un possible manqué, offre quelques beaux moments poétiques (le voyage de Charlotte à Kyoto). Cependant, à force de mollesse et d'hésitations, l'ensemble apparaît lent, poussif, d'une répétitivité en osmose avec la situation, mais au final lassante, et d'une douceur générale anesthésiante.  
 
   Une oeuvre subtile, transparente, délicate, mais dont la retenue excessive ne correspond pas vraiment à mes goûts profonds.
   
Bernard Sellier