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Maria, pleine de grâce,
    (Maria, full of grace),      2004, 
 
de : Joshua  Marston, 
 
  avec : Catalina Sandino Moreno, Virgina Ariza, Charles Albert Patiño, Yenny Paola Vega, Wilson Guerrero, Mateo Suarez,
 
Musique : Leonardo Heiblum, Jacobo Lieberman

   
   
Maria Álvarez (Catalina Sandino Moreno) travaille dans une entreprise de conditionnement de fleurs. Lasse de la pression imposée, elle démissionne. Sa mère et sa soeur Diana (Johanna Andrea Mora) ne comprennent pas son attitude. Dans une boîte de nuit, Maria fait la connaissance de Franklin (Jhon Alex Toro). Apprenant qu'elle cherche du travail, il lui fait rencontrer un de ses contacts, Javier (Jaime Osorio Gomez) qui recherche des "mules" afin de transporter des sachets de drogue vers les Etats-Unis. Dans l'avion qui l'emmène vers New York, Maria se retrouve avec son amie Blanca (Yenny Paola Vega) qui effectue le même "travail"... 
 
   Ce qui frappe dans ce film, outre bien sûr l'horreur que suscite le sujet, c'est avant tout l'aspect presque documentaire de l'approche narrative. Aucune boursouflure, aucun pathos, pas le moindre dérapage vers le spectaculaire, le sensationnel ou le pathétique. La sobriété est permanente, aussi bien dans le scénario que dans la mise en scène. Le début apparaît presque banal et, si le développement de l'histoire glisse progressivement vers une tragédie maîtrisée, c'est avant tout à l'enchaînement naturel inéluctable des événements qu'il le doit, et non à une intervention artificielle de la réalisation. La forme cinématographique est constamment au service du fond, épousant avec pudeur la sécheresse de celui-ci grâce, il faut le noter, à la dignité extraordinaire de l'actrice principale, dont la beauté et la gravité sont inoubliables. Femme enfant égarée, noyée dans la folie des hommes, elle trouve, dans l'épreuve assumée, la voie initiatique qui la conduira, peut-être, vers une certaine délivrance. Le réalisateur aborde un sujet propice aux débordements avec une maîtrise et une retenue exemplaires. Loin des approches où la violence et le suspense explosent au visage du spectateur, il nous offre une page d'humanité qui serre le cœur.
   
Bernard Sellier