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Mariages !,
      2004, 
 
de : Valérie  Guignabodet, 
 
  avec : Miou-Miou, Mathilde Seigner, Jean Dujardin, Antoine Duléry, Didier Bezace, Chloé Lambert, Alexis Loret, Lio,
 
Musique : Fabrice Aboulker


  
   
Le grand jour est arrivé ! Johanna (Chloé Lambert) et Benjamin (Alexis Loret) se marient ! La mère de la jeune fille, Gabrielle (Miou-Miou), prépare activement la réception, avec l'aide de Micky (Lio) et de Valentine (Mathilde Seigner). Les membres de la famille arrivent peu à peu : Hugo (Antoine Duléry), époux de Micky et oncle de Johanna ; Chantal (Catherine Allegret) et Jacques Dupré (Michel Lagueyrie), les parents du marié. Puis Pierre (Didier Bezace), le père de Johanna, depuis longtemps éloigné du foyer conjugal, fait une apparition remarquée, en compagnie d'une cantatrice russe à laquelle il a promis le mariage. Enfin, Benjamin arrive flanqué de son meilleur ami et témoin, Alex (Jean Dujardin), mari de Valentine. Les festivités commencent... 
 
   C'est à un dynamitage forcené de la condition maritale que nous invite la réalisatrice. Si les yeux et les mots avaient été remplacés par des revolvers, nous aurions assisté à un carnage intégral, façon "règlements de compte à O.K. campagne" ! Pas un invité n'aurait survécu ! L'excès, manifeste dans le cas présent, est-il vraiment un défaut ? Si l'on s'en tient à une vraisemblance psychologique, peut-être. Mais si l'on demeure sur le plan purement cinématographique et comico-dramatique, le résultat est souvent jouissif. D'autant plus que le scénario, qui démarre sur les chapeaux de roue, réussit l'exploit de maintenir quasiment jusqu'au bout son énergie dévastatrice et gentiment subversive. Cerise sur le gâteau, les comédiens entrent avec une conviction communicative dans cette ronde assassine. Jean Dujardin, générateur permanent de sentences meurtrières internationales sur l'institution du mariage, et Mathilde Seigner, aussi véhémente que désemparée, sont particulièrement incisifs et saignants. Qualité non négligeable : malgré le choix délibéré de la démesure dans les règlements de comptes et les culpabilités générales, les protagonistes ne sont jamais réduits à l'état de pantins manipulés par une trame artificielle. Chacun d'eux est incarné avec justesse, parfois avec tendresse, et leur humanité fragile n'est jamais totalement oubliée. Si le texte est prépondérant, le visuel tient également une place majeure, la caméra captant avec gourmandise les expressions et les attitudes. Quant au final, petit rayon de soleil (provisoire ?) dans un tunnel cyclonique, il est à la fois poétique et intelligent. 
 
   Une surprise délicieusement pimentée, même si la superficialité demeure la règle générale.
   
Bernard Sellier