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Matrix,
     (The matrix),      1999, 
 
de : Lana & Lilly  Wachowski, 
 
  avec : Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Gloria Foster, Carrie-Anne Moss, Hugo Weaving, Joe Pantoliano, Matt Doran,
 
Musique : Don Davis

   
   
Dans un futur assez indéterminé, Thomas Anderson (Keanu Reeves) mène une double vie. Il est en même temps programmeur informatique d'une multinationale et parallèlement Neo, un pirate informatique insaisissable. Des agents très spéciaux, dirigés par le redoutable Smith (Hugo Weaving) sont à sa poursuite. Mais l'enjeu que constitue sa capture va bien au-delà de ses exploits de hacker. Il serait, selon Morpheus (Laurence Fishburne), l'Elu, capable de libérer l'humanité du joug de la "Matrice"... 
 
   Il n'est pas étonnant que ce film ait marqué avec autant d'acuité le souvenir des cinéphiles. Une atmosphère mi-onirique mi-réaliste dans un univers glacé, désincarné, avec une dominante de teintes verdâtres profondément troublantes ; une incursion d'effets spéciaux surprenants (pour l'époque tout au moins) ; et surtout un scénario excitant pour le mental qui cherche son chemin dans le labyrinthe des apparences et des sauts spatio-temporels de la conscience. On ne peut en effet s'empêcher de penser aux recherches actuelles de la physique quantique, et en particulier aux travaux de Régis Dutheil ("L'homme superlumineux") ou de Karl H. Pribram, qui supposent l'existence, au-delà de notre univers perceptible, d'une sorte de "matrice", justement, qui, en dehors de tout temps ou espace, contiendrait en germe la totalité des manifestations au milieu desquelles nous évoluons. Le sujet est plus que passionnant. 
 
   Cela dit, tout n'est cependant pas idéal dans l'oeuvre des frères Wachowski. Les trucages semblent aujourd'hui, pour certains (les effets primaires de morphing, en particulier), assez datés. L'accent a été mis, ce qui est d'ailleurs compréhensible, sur l'aspect aventure. Mais cela a pour effet de rendre le film un peu écartelé entre deux extrêmes : d'une part de longues explications qui, il faut bien l'avouer, ne sont pas des plus limpides. D'autre part une suite de courses poursuites délirantes au cours desquelles les protagonistes se jouent de la pesanteur, et qui évoquent inévitablement les sempiternels envols de combattants qui émaillent avec plus ou moins de bonheur le cinéma extrême-oriental. Tout cela donne l'impression de participer à un jeu vidéo semi réaliste qui chercherait, du côté de la recherche scientifique, une justification intelligente à ses extravagances narratives. C'est globalement réussi, et les réflexions ponctuelles sur la nuisance de l'humanité ("les humains sont une maladie contagieuse", dixit l'agent Smith...), sur le monde "prison" de l'esprit, ou encore sur la dépendance de l'homme à la "matrice" sont tout à fait palpitantes.
   
Bernard Sellier