Mensonges d'état, film de Ridley Scott, commentaire

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Mensonges d'état,
     (Body of lies),      2008, 
 
de : Ridley  Scott, 
 
  avec : Leonardo di Caprio, Russell Crowe, Mark Strong, Ali Suliman, Golshifteh Farahani, Alon Aboutboul,
 
Musique : Marc Streitenfeld

   
 
Un attentat meurtrier vient d'avoir lieu à Manchester. Il suivait un précédent qui avait endeuillé Sheffield. Sur le terrain, en Irak, Roger Ferris (Leonardo di Caprio), tente de remonter une filière qui conduirait à la tête présumée des actions terroristes, Al-Saleem (Alon Aboutboul). Pour ce faire, Roger se rend à Amman, en Jordanie, et tente de s'adjoindre l'aide du chef des services secrets, Hani (Mark Strong). Mais à l'arrière, aux Etats-Unis, le supérieur de Ferris, Ed Hoffman (Russel Crowe) mène lui aussi des actions dont Roger n'est pas informé, et qui, parfois, interfèrent avec celles qu'il diligente sur place... 
 
 Ce thriller politico-guerrier dense, compact, quelquefois embrouillé, possède un double pouvoir : celui de fasciner et celui d'ennuyer. Il ne fait pas de doute que le scénario est documenté, que l'atmosphère angoissante, sinistre, est fidèlement retranscrite, que les manipulations stratégiques dans lesquelles l'humain est totalement méprisé ( la fabrication de toutes pièces du faux terroriste ), est malheureusement très fidèle aux réalités. Impossible de nier également l"implication dramatique de Leonardo di Caprio, chargé d'aller au charbon tandis que Hoffman joue les opérateurs souterrains en costard cravate dans sa limousine, tout autant que la dimension charismatique du personnage imposant de Hani. Pourtant l'impact du récit, son potentiel tragique ne semblent pas s'élever à la hauteur que l'on aurait pu espérer. Comme si l'intelligence du propos, la décortication des rouages répugnants qui, de la frénésie fanatique des intégristes aux délirantes machinations des services secrets, mettent en péril la survie de l'humanité, l'accumulation d'actions, de manoeuvres souvent obscures, bref une overdose de richesses en tous genres, étouffait globalement l'envol émotionnel de l'oeuvre. Souvent intense, parfois inquiétant, ponctuellement sensible ( l'attirance de Ferris pour la belle Aisha (Golshifteh Farahani)), le film parvient difficilement à envoûter, voire même à captiver en profondeur sur la durée...
   
Bernard Sellier