Guy Luthan (Hugh Grant) est un jeune interne promis à un brillant avenir. Il reçoit un jour aux urgences de son hôpital un étrange malade, Claude Minkins (Shaun Austin-Olsen) qui décède peu après. Soucieux et craignant d'avoir commis une erreur de diagnostic, Guy commence une enquête sur les antécédents du mort. Mais, outre que le corps de celui-ci a disparu, il apparaît qu'un mystère de plus en plus inquiétant entoure ce décès. Guy reçoit même, de son supérieur, l'ordre d'abandonner ses recherches...
Exemple réussi et passionnant de thriller médical, bâti sur un scénario simple mais efficace. Même si le spectateur est placé de bonne heure devant la position "blanche" ou "noire" des différents acteurs du drame, cette connaissance ne nuit aucunement à la progression de l'angoisse et à la tension hautement émotionnelle du finale. D'autant qu'au fur et à mesure du déroulement des événements, la classification en "bien" ou en "mal" des actions devient plus floue. L'oeuvre génère avec intelligence une interrogation fondamentale sur l'éthique scientifique, qui pose, aujourd'hui, avec les prochains clonages promis et les manipulations génétiques de toutes sortes, des problèmes quasi insolubles aux justices internationales. A-t-on le droit d'utiliser certaines personnes pour en sauver des milliers d'autres ? Même si la réponse à cette question, dans le contexte du film, est relativement simple pour la personne non impliquée émotionnellement et physiquement, elle devient beaucoup plus ambiguë lorsque la maladie nous atteint. L'une des scènes de la fin du film est à ce titre parfaitement explicite et lourde de signification sur l'égoïsme qui saisit les meilleurs d'entre les hommes, dès lors que leur intégrité physique est atteinte.
Hugh Grant remplit de manière fort convenable et crédible son contrat, même si, à mon sens, il n'était pas forcément l'acteur idéal. Son talent et sa physionomie le prédisposent, me semble-t-il, beaucoup plus aux personnages de comédie plus ou moins légères. En revanche, bien que nanti d'un rôle moins présent, Gene Hackman impose sa présence puissante et toujours hautement charismatique sur l'ensemble de ce drame poignant. Il est, à l'instar d'un petit nombre de ses congénères, Sean Connery, Marlon Brando, Jack Nicholson, Anthony Hopkins, par exemple, le type même de l'acteur dont la simple apparition à l'écran capte immédiatement l'attention grâce à l'irradiation magnétique qu'il dégage. Il est ici impérial.
Une très belle réussite.
Bernard Sellier