Millenium, série, série de Niels Arden Oplev, commentaire

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Millenium,  série,
     (Män som hatar kvinnor, Flickan som lekte med elden, Luftslottet som sprängdes),     2009, 
 
de : Niels Arden  Oplev, Daniel  Alfredson, 
 
  avec : Michael Nyqvist, Noomi Rapace, Lena Endre, Peter Haber, Sven-Bertil Taube, Peter Andersson, Ewa Fröling,
 
Musique : Jacob Groth


   
Mikael Blomkvist (Michael Nyqvist), rédacteur à la revue Millenium, dirigée par son amie Erika Berger (Lena Endre), est condamné à trois mois de prison pour avoir diffamé le richissime Hans-Erik Wennerström. Les preuves de diverses malversations, fournies au journaliste, avaient brutalement disparu. En attendant le jugement en appel, Mikael répond à la demande pressante d'un riche industriel, aujourd'hui très âgé, Henrik Vanger (Sven-Bertil Taube). Enfant, Mikael avait connu pendant les vacances divers membres de la famille Vanger, en particulier la jeune Harriet (Ewa Fröling). Celle-ci a disparu depuis plusieurs décennies, et la police n'a jamais pu découvrir son sort. Mikael s'installe dans le domaine où réside le patriarche, sur une île isolée, reliée seulement au continent par un pont... 
 
   Cette série, à ne pas confondre avec son homonyme "Millennium" (de 1996), est l'adaptation des 3 célèbres romans de l'écrivain suédois Stieg Larsson ( "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes", "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette", "La reine dans le palais des courants d'air" ). La première histoire, assez complexe sur le plan narratif, tant les personnages évoqués ( une famille Vanger à multiples ramifications ) sont nombreux, s'installe dans une atmosphère faussement tranquille, sur fond de décor glacial et isolé. Le rythme pépère de l'enquête semble lorgner vers un cousinage modernisé de l'inspecteur Derrick, ce qui n'est pas réellement un signe encourageant. D'autant plus que le personnage central, Mikael Blomkvist, apparaît plutôt effacé, pour ne pas dire terne. 
 
   Mais... Car s'invite très rapidement un énorme "Mais"... Il y a l'apparition de Lisbeth Salander, dans l'incarnation véritablement embrasée de Noomi Rapace, individualité frénétique perpétuellement sur le fil d'un rasoir, fulminante bombe à retardement, qui transperce véritablement l'écran et scotche le spectateur au travers de scènes sauvages et terrifiantes. Les geysers de violence sont d'autant plus spectaculaires, dans les deux premiers épisodes surtout, qu'ils jaillissent au sein d'un parcours narratif très paisible. Par la suite, au fur et à mesure que les enquêtes évoluent, et que le passé douloureux de Lisbeth refait surface, l'atmosphère générale s'obscurcit progressivement, tandis que férocité et fureur s'installent inconfortablement dans le drame. Cette Suède, que l'on imagine sereine dans son manteau blanc immaculé, prend peu à peu l'apparence d'un territoire menaçant, où se dissimulent trafiquants d'adolescentes, violeurs, avocats corrompus, financiers fripouilles, tueurs en série, ou nazis nostalgiques. Dommage, tout de même, que l'épisode 5 affiche une nette baisse d'intensité dramatique, tout en introduisant une foultitude de personnages secondaires dans une intrigue déjà tortueuse. 
 
   Un survol de l'horreur aussi répugnant que fascinant...
   
Bernard Sellier