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Minuit à Paris,
     (Midnight in Paris),      2011, 
 
de : Woody  Allen, 
 
  avec : Owen Wilson, Rachel McAdams, Kathy Bates, Marion Cotillard, Michael Sheen, Corey Stoll, Adrien Brody, Gad Elmaleh,
 
Musique : Stephane Wrembel

   
   
Gil (Owen Wilson), un jeune scénariste américain, est de passage à Paris avec sa fiancée, Inez (Rachel McAdams). Charmé par la ville, il ne rêve que de revivre l'époque passée qui a vu écrivains et artistes célèbres offrir à la cité une aura culturelle unique. Une nuit, il a la stupéfaction de voir une limousine des années 1920 s'arrêter près de lui. A son bord, l'écrivain F.Scott Fitzgerald (Tom Hiddleston), et sa femme Zelda (Alison Pill). C'est le début d'une suite de rencontres plus extraordinaires les unes que les autres... 
 
   Le scénario, primé aux Etats Unis, visite de manière poétique, ludique, et souvent jouissive, les décalages temporels que certaines personnes ont réellement vécus. Il est possible de lire à ce sujet l'anecdote des "Fantômes du Trianon", ainsi que l'aventure du "Bossu d'Amsterdam" (le lien ne fonctionne plus en novembre 2020), relatée par Raymond Bernard dans son ouvrage "Rencontres avec l'insolite". Précisons, anecdotiquement, que ce type de mystère fait partie intégrante de l'intrigue d'un roman personnel, "Les deux vies de Julien Lacombe". 
 
   Rien de perturbant, ou de dramatique ici. Le spectateur est gratifié d'une fantaisie débridée, dans laquelle sont convoqués de multiples personnages hauts en couleur. C'est ainsi que nous croisons tour à tour Picasso (Marcial di Fonzo Bo), son modèle, la délicieuse Adriana (Marion Cotillard), Hemingway (Corey Stoll), Bunuel (Adrien de Van), Gertrude Stein (Kathy Bates), ou encore Salvador Dali (Adrien Brody). Ce périple débridé, grisant, à travers les soirées mondaines, en compagnie d'esprits brillants, est un bonheur de tous les instants. Car si les personnages parlent beaucoup, comme toujours chez Woody Allen, la légèreté est constamment de mise, et jamais la fraicheur juvénile des situations n'est parasitée par un quelconque spleen cafardeux. Bien plus, le réalisateur métamorphose le regard fasciné par le passé, attitude en elle-même pathologique, voire mortifère, en une fête explosive des sens, en un émerveillement de l'esprit, tandis que la futile excitation de ceux qui habitent le présent prend le visage d'une sclérose maladive. 
 
   Fantaisie, simplicité, poésie, charme envoûtant... Du grand art.
   
Bernard Sellier