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Miss Daisy et son chauffeur,
     (Driving miss Daisy),     1989, 
 
de : Bruce  Beresford, 
 
  avec : Morgan Freeman, Jessica Tandy, Dan Aykroyd, Esther Rolle, Patty LuPone,
 
Musique : Hans Zimmer

   
   
Le début des années 50 en Géorgie. Daisy Werthan (Jessica Tandy) est une septuagénaire riche (son fils Boolie (Dan Aykroyd) dirige une importante usine de textile), indépendante et juive. Mais, lorsqu'un jour, elle envoie sa voiture à la casse à cause d'une erreur de manoeuvre, il lui faut se rendre à l'évidence : son fils a raison de lui interdire la conduite. Mais la pilule, déjà grosse à avaler, se révèle inabsorbable lorsqu'il insiste pour lui imposer la présence d'un chauffeur, Hoke Colburn (Morgan Freeman), pauvre, illettré et... noir... 
 
   Cette oeuvre n'est pas, à l'évidence, du genre qui provoque un enthousiasme bruyant ou une jubilation débordante. A l'image de ses deux protagonistes principaux, aussi magiques l'un que l'autre dans leur répertoire, la lenteur est omniprésente, la trame se fait ténue, quasiment invisible. Il n'y a pas à proprement parler d'histoire, mais plutôt une suite de petits moments choisis, de scènes intimistes, tricotées avec une telle finesse et une telle authenticité que jamais une once d'artificialité dans l'évolution des caractères et des rapports humains ne pointe le bout de son nez. Pas de démonstrations, de grands discours édifiants sur le racisme larvé ou le gouffre séparant les nantis, les cultivés, des miséreux analphabètes. La prééminence du coeur sur un mental façonné par les préjugés et les blocages psychologiques, s'insinue de manière douce, imperceptible, grâce au pouvoir magique du temps qui passe. D'abord revêche, autoritaire, bornée, mais suffisamment pince sans rire pour ne jamais se ranger dans le clan des antipathiques, Daisy glisse insensiblement vers le refuge sécuritaire qui lui permet d'approcher la paix intérieure : l'amitié confiante.  
 
   Une illustration simple, douce-amère, pénétrante et délicate du processus "d'apprivoisement" cher au "Petit Prince" de Saint-Exupéry...
   
Bernard Sellier