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Miss Sloane,
       2016, 
 
de : John  Madden, 
 
  avec : Jessica Chastain, Michael Stuhlbarg, Mark Strong, John Lithgow, Sam Waterston, Gugu Mbatha-Raw, Christine Baranski,
 
Musique : Max Richter


   
Elizabeth Sloane (Jessica Chastain) est une lobbyiste de première grandeur. Elle reçoit un jour une offre de Rodolfo Schmidt (Mark Strong), qui constitue un vrai challenge. Il s'agit de défendre un projet de loi visant à régulariser la possession des armes à feu. Cela signifie s'attaquer au tout puissant lobby des armes... 
 
   Le sujet est bien sûr régulièrement d'actualité aux Etats-Unis, victimes chaque année d'une épidémie de tueries, et dont nombre d'habitants semblent toujours croire qu'ils vivent au dix-neuvième siècle, au coeur du far-west. Mais il est aussi, malheureusement, d'actualité en France, où la presse révélait récemment qu'une centaine de personnes fichées 'S' possèdent des permis de port d'armes ! Difficile à comprendre... 
 
   À la lecture des commentaires sur le film de John Madden, l'impression s'était forgée que cette Miss Sloane était une mante religieuse qui dévore tous les adversaires sur son passage, une sorte de tornade noire froide et implacable. En fait, le personnage central de cette histoire se révèle nettement plus subtil que ce que l'on pouvait imaginer. Incontestablement, elle est redoutable, appliquant à la lettre le credo de sa fonction : avoir toujours une longueur d'avance sur l'ennemi, anticiper les ripostes, abattre sa carte maîtresse au moment opportun, et faire de la dissimulation, comme du mensonge, une arme de destruction massive. Cela dit, derrière cette façade impériale et menaçante, se dissimule une personnalité plus complexe qu'il n'y paraît. Voire même une fragilité insoupçonnable, mais réelle. Après, il est toujours possible de se poser la question : ces parcelles de vulnérabilité font-elles aussi partie des masques indispensables à la conquête du but visé ? Tout semble possible. Ce qui est certain, c'est que la femme qui évolue sous nos yeux durant deux heures dix n'est pas le monolithe annoncé. Ce qui rend d'autant plus passionnant ce jeu de dupes qui, reconnaissons-le, est parfois un peu obscur et rébarbatif. Mais le twist final, au spectaculaire bien négocié, récompense largement de l'attente. En revanche, si le plaisir immédiat du spectateur est comblé, il n'en sera pas de même de la conclusion morale qui voit simplement la négativité du pouvoir des lobbyistes se décharger temporairement sur les politiciens véreux. En somme, on passe simplement de la vérole au choléra ! Charmant...
   
Bernard Sellier