Les Moissons du ciel, (Days of heaven), film de Terrence Malick

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Les moissons du ciel,
     (Days of heaven),    1978, 
 
de : Terrence  Malick, 
 
  avec : Richard Gere, Brooke Adams, Sam Shepard, Linda Manz, Stuart Margolin,
 
Musique : Ennio Morricone

   
 
Les temps sont très difficiles pour nombre d'Américains en ces années 1920-1930. Bill (Richard Gere) travaille dans une aciérie. Un jour il plaque son patron et part vers le Texas, avec Linda (Linda Manz), sa petite soeur et sa compagne Abby (Brooke Adams), qu'il fait également passer pour sa soeur. Ils voyagent, comme des centaines d'autres personnes, sur le toit d'un wagon, et arrivent enfin dans la contrée où des moissonneurs sont engagés chaque année pour quelques semaines. Le fermier (Sam Shepard), est un homme jeune, riche, et malade. Bill surprend un jour une conversation avec le médecin, dont le diagnostic est formel : il n'a plus qu'un an à vivre. Lorsque le travail est achevé, et que les saisonniers repartent, Bill propose à Abby d'accepter l'amour que le propriétaire lui propose... 
 
 N'ayant jamais eu l'occasion de visionner cette oeuvre mythique qui a lancé la carrière étrange (seulement cinq réalisations en 36 ans, dont le magnifique "La Ligne rouge" !) de Terrence Malick, et, conjointement, celle de Richard Gere, j'attendais beaucoup, sans doute trop, de ce film. L'impression générale est mitigée. Dépouillement et simplicité sont au rendez-vous. La trame dramatique est réduite à sa plus simple expression, ce qui n'est pas, en soi, rédhibitoire. Ce trio d'êtres souffrants, les uns par la pauvreté qui leur colle à leur peau, le troisième par le vide de son existence affective, est saisi dans une prériode charnière de leur vie, avec une austérité et une innocence encore renforcée par le fait que c'est Linda, une pré-adolescente, qui décrit, en voix off, les grandes étapes du drame. Nous ne saurons jamais rien de ce qui a précédé la rencontre fatale. Mais cette frugalité possède son revers, à savoir que, malgré l'intensité intériorisée des deux hommes et le visage aussi étrange que mélancolique de Brooke Adams, une distanciation constante s'installe vis à vis des protagonistes, empêchant le spectateur de s'impliquer profondément dans l'histoire. L'économie des paroles, des échanges sympathiques, finit par installer une froideur qui, heureusement, est contrebalancée par l'immersion dans la nature, à laquelle Terrence Malik s'est toujours montré hyper-sensible. Les règnes animaux et végétaux tiennent, ici, une place importante, quasiment à égalité avec celle des humains. La magnifique séquence de l'incendie a sans doute d'ailleurs inspiré Alfonso Arau, pour celle qu'il a intégrée dans "Les vendanges de feu".  
 
 Une ode champêtre inspirante, de beaux moments de poésie simple, mais un ascétisme tant psychologique que narratif dommageable.
   
Bernard Sellier