Mommy, film de Xavier Dolan, commentaire

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Mommy,
     2014, 
 
de : Xavier  Dolan, 
 
  avec : Anne Dorval, Suzanne Clément, Antoine Olivier Pilon, Patrick Huard, Alexandre Goyette, Isabelle Nélisse,
 
Musique : Noia


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film.

 
Diane 'Die' Després (Anne Dorval), mère célibataire, reprend avec elle son fils Steve (Antoine Olivier Pilon), qui s'est montré insupportable et dangereux dans l'institut qui l'avait accueilli. Mais le changement de situation ne rend pas pour autant le jeune garçon plus équilibré... 
 
 Sensation à Cannes, le film de Xavier Dolan ne peut laisser indifférent, aussi bien par sa thématique que par le traitement cinématographique de celle-ci. Des cadrages serrés dans un ratio de 1 pour l'image, cela interpelle d'emblée, ne serait-ce que par l'inconfort visuel généré, pour les habitués que nous sommes du 16/9, voire du 2,35. Le spectateur comprendra d'autant plus facilement qu'il s'agit de nous faire prendre conscience de l'enfermement des personnages, que, ponctuellement, le cadre s'élargira lorsqu'une petite ouverture au monde s'installera dans la vie de Steve. Parce que, pendant les 95% du temps restant, la relation mère-fils apparaît comme une véritable illustration d'une pathologie sévère. Délirant, violent, ingérable, en état quasi permanent de bouillonnement volcanique, Steve, dont le vocabulaire semble réduit à une cinquantaine de mots orduriers, n'est pas le genre de personnalité qui provoque d'emblée l'empathie. L'apparition de la mystérieuse Kyla (Suzanne Clément) fait cependant évoluer momentanément la donne. Mais cette tentative d'atteindre un équilibre se révèle un feu de paille. 
 
 Globalement, le film ne connaît pas de milieu. Ce sont majoritairement des explosions pathologiques et, minoritairement des phases d'exaltations artificielles. Les trois personnalités sont en souffrance permanente, même si 'Mommy' est celle qui parvient à donner le change le plus souvent. Si Xavier Dolan réussit à faire exploser ces extrêmes avec un art souverain, et parvient miraculeusement à faire jaillir l'humanité touchante d'un adolescent pathologiquement atteint, parfaitement aidé en cela par trois acteurs exceptionnels, il n'empêche que sa jeunesse crie par tous les pores son immaturité révoltée. C'est une approche tantôt primaire tantôt subtile des manifestations de ce que Eckhart Tolle appelle le 'corps de souffrance' humain, mais transcendée par un talent cinématographique exceptionnel. Un mélange d'agacement et de fascination...
   
Bernard Sellier