Mon roi, film de Maïwenn, commentaire

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Mon Roi,
     2015, 
 
de : Maïwenn, 
 
  avec : Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel, Louis Garrel, Isild Le Besco, Patrick Raynal, Yann Goven,  
 
Musique : Stephen Warbeck

  
 
Marie-Antoinette Jézéquel, dite 'Tony' (Emmanuelle Bercot) rencontre un jour une ancienne vague connaissance, Georgio Milevski (Vincent Cassel). Ils deviennent amants et leur union débouche bientôt sur la naissance d'un enfant... 
 
 Depuis que le monde est ce que nous connaissons, c'est-à-dire il y a pas mal de milliers d'années, rien n'a vraiment changé dans les relations hommes-femmes. On se rencontre, on connaît la passion, on découvre l'autre, on constate que tout n'est pas aussi idyllique qu'on le croyait au premier abord, on se heurte, on se déchire, on souffre, et on recommence en croyant fermement que tout sera différent... Bref, une routine qui n'en finit pas de perdurer et à laquelle on succombe inéluctablement. Ces poncifs observés, il est facile de constater que l'immense majorité des films d'amour (pour ne pas dire tous) se construisent sur un certain nombre de ces composantes. L'oeuvre de Maïwenn décline, elle aussi, la quasi totalité des émotions et sentiments qui habitent les amants. Mais, comme tous ceux qui ont étudié, même superficiellement, le travail des scénaristes et des réalisateurs le savent, ce n'est pas parce qu'une histoire a déjà été mille fois racontée, qu'elle est condamnée à manquer de saveur ou de magnétisme. Chaque créateur véritable apporte la touche personnelle qui démarquera sa production du tout venant basique. 
 
 En l'occurrence, tout n'est certes pas enthousiasmant. D'abord en raison d'une alternance répétitive de pics paradisiaques lorsque les deux amoureux s'enivrent d'une complicité primaire, et de gouffres sombrissimes dans lesquels règnent haine et violence, qui semble naître davantage d'une plume scénaristique agitée que d'une logique psychologique réelle. Tony est une romantique attardée qui veut désespérément croire à l'amour, mais sait aussi choisir le retrait lorsque la souffrance dépasse un certain seuil. Georgio est un hyper extraverti, totalement instable, qui oscille entre dérives explosives et attachements infantiles. Ensuite, la longueur du film, en partie due à une accumulation de scènes de rééducation qui s'intercalent entre les réminiscences de l'épopée amoureuse, est sans doute excessive. Mais... Au centre de cette création globalement classique, il y a un couple d'acteurs absolument fascinants. Le Festival de Cannes et les César ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Exceptionnels à chaque instant, aussi bien dans les éclats de rire tonitruants que dans les crises hystériques, dans les saillies humoristiques comme dans les hurlements de bête blessée, dans les écrins de tendresse comme dans les vagues de haine, Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel composent un couple affichant une alchimie miraculeuse, à laquelle on pardonne tout, même des scènes faciles ou artificielles (le restaurant). Il est rare que des scènes, a priori banales, affichent une spontanéité aussi envoûtante, et c'est à l'insolent charisme des deux acteurs que l'on doit ce miracle. Mais il serait également injuste de ne pas mentionner Louis Garrel qui, dans la peau de Solal, oisif blasé, compose un personnage secondaire jouissif. 
 
 Malgré certaines facilités, longueurs ou faiblesses qui provoqueront agacement ou rejet suivant les goûts personnels, 'Mon roi' n'en demeure pas moins un film d'amour dramatiquement flamboyant et idéalement incarné.
   
Bernard Sellier