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Mulholland drive,
       2001, 
 
de : David  Lynch, 
 
  avec : Naomi Watts, Ann Miller, Dan Hedaya, Robert Forster, Justin Theroux, Brent Briscoe, Lee Grant, Laura Elena Harring,
 
Musique : Angelo Badalamenti

  
   
Une charmante jeune femme, Rita (Laura Elena Harring) est sauvée d'une exécution par un accident de voiture sur Mulholland Drive. Mais elle est amnésique, et se réfugie dans un appartement vide. Quelques heures plus tard, arrive sur les lieux Betty Elms (Naomi Watts), venue à Los Angeles chercher fortune dans le cinema, et qui a reçu de sa tante absente l'autorisation d'occuper l'appartement. Les deux femmes sympathisent... 
 
   Fidèle à son image de marque, David Lynch nous offre, sous une apparence de thriller traditionnel, une oeuvre qui est loin d'obéir aux canons du genre. Refusant de suivre le parcours fléché traditionnel, - ouverture du drame - enquête - résolution de l'énigme -, il exécute en quelques minutes les prémisses de l'intrigue pour folâtrer ensuite dans de multiples et déroutants chemins de traverse. L'une des qualités géniales de cette approche est que, paradoxalement, ces voies annexes n'apparaissent comme déroutantes que lorsque le drame est clos. Dans le cours du récit, elles arborent, pour la plupart, une normalité de bon aloi, et le spectateur, confiant que toutes ces digressions sont les pièces d'un puzzle savamment charpenté, attend simplement qu'elles prennent progressivement leur place dans le grand dessin final. Mais ce serait mal connaître le réalisateur que d'attendre un dénouement sage et confortable, un tableau figuratif rassurant. Bien au contraire, il se complaît dans une altération graduelle de la logique, et la dernière demi-heure bouscule radicalement toutes les hypothèses susceptibles de se présenter à l'esprit du cinéphile moyen. À vrai dire, lorsque le générique commence à se dérouler, on s'aperçoit que l'on n'a pas compris grand chose à l'histoire. Peut-être, d'ailleurs, parce qu'il n'y a rien à comprendre. Seulement des séquences plus ou moins réalistes, plus ou moins virtuelles, qui s'adaptent aux pulsions intimes de l'instant. 
 
   Les cartésiens pur jus peuvent sans regrets passer leur chemin. En revanche les fondus d'onirisme charmeur (les deux personnages féminins, tour à tour empreints de clarté et de ténèbres, sont magnétisants), et de plongées dans les abîmes insondables de la psyché humaine, se régaleront... Sans compter une musique envoûtante d'Angelo Badalamenti !
   
Bernard Sellier