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No man's land,
      (Erdê bê kes û bê xwedî),    Saison 1,    2020 
 
de : Amit  Cohen..., 
 
avec : James Krishna Floyd, Julia Faure, James Purefoy, Mélanie Thierry, Félix Moati, Dean Ridge,
 
Musique : Rutger Hoedemaekers

   
   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série 
 
    Juin 2014. Les forces kurdes luttent contre l'État islamique qui tente d'installer un califat en Syrie. À Paris, Antoine Habert (Félix Moati) croit reconnaître sur la vidéo d'un attentat sa soeur Anna (Mélanie Thierry), qui a pourtant été déclarée morte au cours d'un attentat au Caire, quelques années plus tôt. Il décide de se rendre sur place...

    C'est avec un réalisme cru et une vraisemblance à toute épreuve que cette courte série aborde les combats entre factions diverses et l'engagement d'occidentaux fascinés par des idéologies opposées. Le spectateur a en permanence la sensation d'être sur le terrain au milieu des combattants. C'est tout au moins cette voie que suit l'histoire jusqu'au milieu de la saison. Mais cette opposition frontale entre les milices de Daesch et les combattantes kurdes est bientôt enrichie par un élargissement de l'intrigue, au point que le spectateur a même l'impression que le récit bifurque dans une seconde direction, dans un monde secret où les manipulations des services secrets, personnifiés par le très ambigu Stanley, transforment leurs recrues en marionnettes prisonnières de leur engagement premier. Dès lors, grâce à de multiples flashback sur les parcours d'Anna, de Nasser (James Krishna Floyd), de ses amis Iyad (Jo Ben Ayed) et Paul (Dean Ridge), les deux cheminements narratifs préparent leur convergence vers un dénouement qui appelle manifestement une suite. Il est impossible de ne pas l'appeler de nos voeux, car cette première partie affiche des qualités dramaturgiques et humaines incomparables. Toutes les composantes psychologiques principales (l'enfermement dans une idéologie radicale, les culpabilisations, les engloutissements dans une spirale de vengeance, la force de l'amitié et de la fraternité...) ou annexes (les fractures et déchirements familiaux, les secrets intolérables...), sont exposées dans leur nudité racinaire, leur spontanéité viscérale, leur sauvagerie primaire, avec une sobriété qui n'exclut jamais l'humanisme.

     Une émouvante et profonde première saison, servie par une Mélanie Thierry toujours aussi magnétiquement fiévreuse.
   
Bernard Sellier