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Nocturnal animals,
       2016, 
 
de : Tom  Ford, 
 
  avec : Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon, Aaron Taylor-Johnson, Isla Fisher, Laura Linney, Armie Hammer,
 
Musique : Abel Korzeniowski

  
   
Susan Morrow (Amy Adams) dirige une galerie d'art à Los Angeles. Elle vit avec Hutton (Armie Hammer), qui est souvent absent pour son travail. Elle reçoit un jour un manuscrit, "Nocturnal animals", envoyé par son ex-mari écrivain, Edward Sheffield (Jake Gyllenhaal). Elle commence la lecture, mais le contenu de l'ouvrage la bouleverse profondément... 
 
   Ce n'est pas souvent que l'on voit un ancien styliste de Gucci devenir réalisateur. Et, qui plus est, devenir l'auteur complet de l'oeuvre, sans avoir de formation littéraire. Ce qui frappe en premier lieu dans cette seconde création, après "A single man", il y a sept ans, c'est le soin presque maniaque apporté à l'esthétique des images et des plans. On ne s'en étonnera pas étant donné la profession antérieure de Tom Ford, mais c'est tout de même un point à ne pas négliger. En l'occurrence une alternance de dominantes bleues, rouges, du plus bel effet. Chacune de ces palettes chromatiques correspond à différents niveaux de réalité ou d'imaginaire, composant un empilement de strates de niveaux de conscience fluctuants, mais toujours aisément lisibles. Le vécu des deux membres du couple, les assises psychiques évolutives, sont ainsi exposés, malaxés, déformés au gré de la fabulation d'un être complexe, visionnaire, qui exorcise sa faiblesse, sa lâcheté dans une oeuvre littéraire aussi violente que bouleversante. Tout dans cette histoire éprouvante, inattendue, imprévisible, est ambigu. Depuis le contenu malsain de ce manuscrit jusqu'au personnage ténébreux de Roberto Andes (Michael Shannon), flic particulièrement inquiétant et névrosé, en passant, bien sûr, par un Edward Sheffield plus qu'énigmatique. Et ce n'est pas le dénouement, dans sa nudité surprenante, qui lèvera l'opacité dont ce récit singulier est constamment nimbé. Il serait plutôt générateur d'une frustration, d'un agacement, comme si le réalisateur n'avait pas osé enfoncer complètement le clou de la folie. C'est un 'tout ça pour ça' plus que dépité qui occupe alors l'intégralité d'un espace jusque là soigneusement empli de nuées envoûtantes. Pour clore l'intense dramaturgie qui s'est développée durant une heure et demie, le sepctateur pouvait attendre une chute autrement plus signifiante et fiévreuse que ce constat d'absence faiblard !
   
Bernard Sellier